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Les banques grecques confrontées à une tâche "herculéenne"

Publié le 09/06/2011 19:50

Les banques grecques, sous perfusion de la BCE, vont devoir fournir un effort "herculéen" pour encaisser des pertes probables sur les titres toxiques de la dette grecque, alors qu'elles doivent déjà affronter crise des liquidités, fuite des capitaux et chute des dépôts.

"Vous allez devoir faire un effort herculéen au cours des deux ou trois ans à venir": l'oracle, qui emprunte à la mythologie grecque, est venu d'un banquier lituanien, Nils Meingailis, s'adressant en début de semaine à un parterre de banquiers à Athènes lors d'un colloque sur "l'avenir du système bancaire grec".

Si les réformes annoncées par le gouvernement pour restructurer l'économie et activer la relance ne se matérialisent pas, Artemis Theodoris, directeur général d'Alpha Bank, prévoit un scénario extrême: une "nationalisation" de force des banques, recours d'urgence utilisé dans d'autres pays lors de la crise financière de 2008.

Mais alors que les banquiers européens semblent avoir du mal à accepter l'idée de participer aux côtés des Etats au sauvetage de la Grèce, M. Theodoris estime lui qu'une "restructuration de la dette ne signifierait pas nécessairement une faillite du système bancaire grec", comme le prédit la BCE.

A condition, souligne-t-il, que "le plan soit accompagné", et "les banques grecques recapitalisées".

Un autre haut responsable bancaire grec du secteur privé estime que les banques du pays possèdent en direct quelque 48 milliards de dette désormais considérée comme toxique, en obligations grecques, autant que la BCE, selon la même source.

Selon lui, "d'ici 8 à 9 mois", il serait "possible" d'envisager une extension des maturités des obligations arrivant à échéance sur une base volontaire, une option baptisée "roll over" en jargon financier, soutenue par la BCE. Ce qui ne signifierait pas pour autant un défaut de paiement, affirme-t-il.

"Il est encore trop tôt pour en parler, il faut avant que la Grèce améliore ses finances publiques et procède à quelques privatisations. Mais si l'extension des maturités était volontaire et qu'elle permette d'échapper au déclenchement des CDS (assurances anti défaut de paiement), cela n'atteindrait pas le capital des banques et cela permettrait de déclencher un cercle vertueux, de faire repartir la confiance", estime-t-il sous couvert d'anonymat.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a semblé aller dans le sens de ces banquiers en réaffirmant jeudi publiquement son opposition à toute participation des créanciers privés qui ne serait pas volontaire dans le plan de sauvetage de la Grèce. Il s'est ainsi opposé une novuelle fois à Berlin qui réclame un allongement de la maturité des obligations grecques en circulation.

Néanmoins, en attendant un avenir hypothétiquement meilleur, le présent est miné par la défiance des marchés et la récession.

Les banques grecques, quasi exclues du marché interbancaire, dépendent de la Banque centrale européenne (BCE) -à hauteur de 86,8 milliards en avril- pour se refinancer.

Les Grecs puisent eux dans leurs réserves pour assurer le quotidien, et vident leurs comptes pour garder des billets sous leur matelas dans la crainte d'une faillite de leur banque, explique Panayotis Thomopoulos, président du Fond hellénique de stabilité mis en place par la Banque de Grèce.

Certains, craignant un effondrement général du système, envoient aussi leurs fonds à l'étranger.

Entre mars et avril, selon la Banque de Grèce, les dépôts du secteur privé -entreprises et particuliers- ont fondu de 2,4 milliards d'euros.

Au total depuis janvier 2010, 40 milliards se sont évaporés, avec une accélération des retraits depuis l'hiver dernier.

Les banques grecques qui s'étaient tenues à l'écart des bulles spéculatives anglo-saxonnes de la fin des années 90 ont longtemps été considérées comme plus solides que certaines de leurs concurrentes internationales, au sortir d'une décennie dorée qui a vu doubler le volume des dépots privés: de 109 milliards d'euros en janvier 2001 à 233 milliards en janvier 2010.

Mais, avec la récession, les faillites d'entreprises en rafale les obligent à augmenter leurs provisions pour couvrir les défauts de paiement. Ce qui tire leurs profits vers le bas. Devenues frileuses pour accorder de nouveaux prêts, elles se font du coup accuser de devenir partie d'un problème qu'elles n'ont pas créé.

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