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Le fondateur d'Ikea a eu des liens poussés avec des nazis suédois

Publié le 25/08/2011 22:40

Le fondateur du groupe suédois Ikea a entretenu, pendant et après la seconde guerre mondiale, des liens plus poussés avec des groupuscules nazis suédois qu'il ne l'a admis par la suite, selon un nouveau livre publié dans le royaume où il suscite des réactions critiques.

Ingvar Kamprad, un milliardaire âgé de 85 ans qui continue à contrôler le numéro un mondial de l'ameublement, a reconnu depuis une quinzaine d'années qu'il avait adhéré à un mouvement de jeunesse fasciste durant la guerre, en qualifiant cet épisode de "plus grave erreur" de sa vie et de "folie de jeunesse".

Le Suédois avait pourtant adhéré à un autre groupuscule encore plus extrémiste et il est resté un admirateur de Per Engdahl, l'une des principales figures nazies de Suède, a déclaré jeudi à l'AFP la journaliste suédoise Elisabeth Aasbrink, auteur d'un livre qui est sorti cette semaine.

"C'est peut-être le plus surprenant. Il a toujours dit qu'il s'était impliqué dans la confusion de la jeunesse. Mais en août dernier, il était encore loyal à l'égard de ce leader fasciste", a-t-elle assuré, sur la foi d'un entretien que M. Kamprad lui avait alors accordé.

"Il m'a dit: ++C'était (Engdahl, ndlr) une grande personnalité et je le maintiendrai jusqu'à la fin de mes jours++", a-t-elle précisé.

Ni le Suédois, domicilié en Suisse depuis 1978, ni son porte-parole ne pouvait être joint pour un commentaire jeudi soir.

Sur son site internet, Ikea a souligné que "ce qui s'est passé il y a 70 ans est quelque chose pour laquelle Ingvar a présenté ses excuses à de nombreuses reprises (...) et cela n'a rien à voir avec les activités d'Ikea".

"Ingvar a dédié sa vie d'adulte à Ikea et aux valeurs démocratiques que représente Ikea", est-il ajouté.

Même si une partie des informations sur le passé de M. Kamprad étaient déjà connues et partiellement admises par l'intéressé, les médias suédois n'ont pas manqué de critiquer l'entrepreneur.

"C'était la plus grande erreur de sa vie. Et pourtant il continue à la répéter pour le restant de sa vie", a ironisé le quotidien libéral Dagens Nyheter.

"Tout le monde a le droit à l'erreur et peut avoir une deuxième chance mais il est évident que Kamprad considère encore Per Engdahl comme une grande personnalité", a réagi Daniel Poohl, le rédacteur en chef d'Expo, un magazine antiraciste, sur la chaîne de télévision publique SVT.

Le livre de Mme Aasbrink, "Et les arbres restent debout à Wienerwald", raconte l'histoire d'Otto Ullman, un jeune juif devenu un "très bon ami" d'Ingvar Kamprad, avoir avoir été envoyé d'Autriche vers la Suède, officiellement neutre, juste avant le début de la 2e guerre.

Mme Aasbrink a indiqué avoir voulu comprendre comment il avait pu devenir aussi proche d'Otto Ullman, tout en étant impliqué dans un mouvement dont l'idéologie avait contribué à envoyer les parents de l'Autrichien dans le camp d'Auschwitz où ils ont été tués.

En insistant auprès de lui sur ce paradoxe, M. Kamprad a fini par lui répondre: "je ne peux pas voir là une contradiction".

Même après la guerre, M. Kamprad est resté ami avec Per Engdahl (décédé en 1994). Mme Aasbrink a rappelé notamment qu'il avait invité le leader nazi à son premier mariage en 1950 - épisode admis par M. Kamprad dans la biographie autorisée qui lui est consacrée.

Mme Aasbrink a également découvert que le jeune Kamprad, qui a admis avoir rejoint le Nouveau mouvement suédois de Per Engdahl, avait auparavant été membre d'un groupuscule plus extrémiste, le Rassemblement socialiste suédois (SSS). Sa carte de membre portait le numéro 4014.

Autre élément nouveau dans le livre, la police de sécurité suédoise, la Saepo, avait ouvert un dossier intitulé "nazi" sur le compte de M. Kamprad en 1943, l'année où il avait fondé, à 17 ans, une petite entreprise, Ikea, dans un village du sud de la Suède.

Mme Aasbrink a précisé ne pas avoir pu consulter ce dossier au-delà de l'année 1949. Dans la partie du document à laquelle elle a eu accès, la journaliste a lu que M. Kamprad affirmait à l'époque "avoir recruté des membres (...) et ne semblait pas manquer une occasion de servir le parti", le SSS.

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