La baisse des marchés financiers dans la foulée de l'abaissement de la note souveraine des Etats-Unis reflète une inquiétude face au ralentissement de l'économie mondiale davantage que des craintes liées à la dette américaine, selon les analystes.
Les places financières mondiales ont plongé lundi au premier jour de cotation après l'annonce de l'abaissement de la note américaine par Standard and Poor's (S&P). La Bourse de New York, dont la réaction était la plus appréhendée, a ouvert en nette baisse après avoir enregistré la semaine dernière le plus important repli de son indice vedette Dow Jones depuis mars 2009.
Pour autant, relèvent les analystes, l'annonce de S&P était attendue après les tergiversations des responsables américains à propos du plafond de la dette des Etats-Unis. "Sans beaucoup de surprise", S&P a mis en avant "les sombres perspectives qui pèsent sur la situation fiscale des Etats-Unis", souligne Natixis.
Les analystes de la banque estiment même que "les conséquences sur les capacités de refinancement du gouvernement américain devraient être limitées" au vu de l'attrait que continuent de représenter les bons du Trésor américain.
"La réalité est que la dette américaine est toujours un bon investissement. Les Etats-Unis sont l'économie développée la plus diverse, liquide et malléable et les bons obligataires détiennent la position enviable d'être le plus grand marché du monde", explique une note de Briefing Research.
Dans ces conditions, la correction sur les marchés financiers reflète davantage l'inquiétude quant à la croissance mondiale, qui montre de plus en plus de signes d'essoufflement.
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié lundi des indicateurs qui montrent des signes de ralentissement des principales économies mondiales. "Des signaux plus forts d'inversion des cycles de croissance ont fait leur apparition aux Etats-Unis, au Japon et en Russie" en juin par rapport à mai, indique l'organisation.
Les indicateurs pour le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni, le Brésil, la Chine et l'Inde "continuent à pointer vers des ralentissements de l'activité économique", poursuit-elle.
Dans ses prévisions publiées en juin, le Fonds monétaire international (FMI) avait déjà révisé à la baisse ses prévisions de croissance des Etats-Unis et des pays développés, tablant respectivement sur une croissance de 2,5% et de 2,2% en 2011.
Ces chiffres pourraient être encore plus mauvais que prévu, Washington ayant fait état fin juillet d'une croissance nettement ralentie en 2011, à 1,3% en rythme annuel au deuxième trimestre, qui avait déçu les attentes des marchés.
"Il y a deux principales sources d’inquiétude : la viabilité de la croissance américaine et l’évolution des finances publiques en Europe", explique JPMorgan Asset Management dans une note d'analyse.
La banque s'interroge même sur la possibilité que la première économie mondiale ne tombe en récession, un scénario catastrophe qui entraînerait le reste de la planète avec elle.
Or, un "double dip", une double récession dans la foulée de la crise financière, aurait des effets plus douloureux qu'en 2008 car l'économie américaine n'a pas la vigueur d'avant la crise financière en 2007.
Dans ces conditions, les regards sont tournés vers la réunion, prévue mardi, du comité de politique monétaire (FOMC) de la Banque centrale américaine, qui "pourrait déboucher sur de nouvelles actions pour préserver l’expansion économique" aux Etats-Unis, souligne JPMorgan Asset Management.
Son patron, Ben Bernanke, ne s'est pas exprimé depuis la mi-juillet. A l'époque, il se disait prêt aussi bien à réagir à une dégradation de la conjoncture qu'à une poussée inflationniste. "Nous devons parer à toute éventualité. Nous ne savons pas dans quel sens va aller l'économie", avait-il dit.