Le FMI et les Européens ont adressé vendredi un satisfecit au gouvernement irlandais sur les "progrès" réalisés pour surmonter la crise économique, tout en lui demandant de ne pas relâcher ses efforts au moment où l'agence de notation Moody's dégradait sérieusement la note du pays.
"L'Irlande réalise de bons progrès pour surmonter la pire crise économique de son histoire récente", ont assuré le Fonds monétaire international, la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) à l'issue d'une mission à Dublin destinée à évaluer l'avancée du programme gouvernemental.
"Notre opinion est que le programme est sur les rails, mais des défis demeurent et la tenacité dans son application sera déterminante", ont-ils toutefois prévenu dans un texte commun.
Confrontée au coût colossal du sauvetage de son secteur bancaire, l'Irlande avait été contrainte de conclure en novembre avec l'UE et le FMI un plan d'aide de 85 milliards d'euros, qui prévoyait en contrepartie une série de coupes budgétaires drastiques.
La source principale des problèmes de l'Irlande "vient de la crise très profonde de son secteur bancaire" qu'il convient de résoudre très rapidement, a réaffirmé devant la presse le représentant du FMI Ajai Chopra.
"Dans le secteur bancaire, la recapitalisation de grande ampleur et les réformes annoncées le 31 mars sont une étape majeure pour restaurer la santé du système financier irlandais", a jugé la mission internationale.
A l'issue de tests de résistance, le gouvernement avait estimé que les banques irlandaises nécessitaient 24 milliards d'euros supplémentaires pour être renflouées, une somme incluse dans le plan d'aide. Dublin avait annoncé simultanément une restructuration complète du secteur.
"Sur le front budgétaire, les objectifs pour fin décembre 2010 et pour mars 2011 ont été atteints avec une marge confortable. Le déficit budgétaire est attendu autour de 10,5% du PIB en 2011", ont encore noté le FMI et l'UE, alors que ce déficit avait atteint 32% du PIB en 2010.
Parmi les mesures d'ajustement approuvées par les experts internationaux, le salaire horaire minimum, qui avait été abaissé d'un euro par le précédent gouvernement, va revenir à son niveau initial de 8,65 euros.
Le coût pour les employeurs sera compensé par une réduction des cotisations patronales, a indiqué à la presse le ministre des Finances Michael Noonan Noonan, se disant par ailleurs "très satisfait" du jugement du FMI et de l'UE.
La mission internationale "est visiblement très intéressée par toutes les initiatives pouvant concerner le marché du travail", a-t-il expliqué.
Le taux de chômage en Irlande a atteint 14,7% en mars.
Parmi les principaux défis à relever par l'économie irlandaise figure en particulier celui de la croissance, qui vient d'être officiellement révisée à la baisse, à 0,9% pour 2011, après une contraction de 1% l'an passé.
Le satisfecit de la mission internationale est intervenu quelques heures après l'abaissement de deux crans de la note de l'Irlande par l'agence de notation Moody's.
Celle-ci a relégué l'île à la note "Baa3", le plus bas niveau possible pour les emprunteurs fiables, en raison de la dégradation des perspectives économiques. Moody's a également mis en avant la hausse annoncée du coût du sauvetage du système financier.
Jeudi, une autre grande agence de notation, Fitch Ratings, avait au contraire salué la stabilisation du système bancaire irlandais et avait maintenu sa note à "BBB+" (soit deux crans au dessus de la note de Moody's), après avoir un temps songé à l'abaisser.