La ministre de l'Economie Christine Lagarde a légèrement revu à la baisse la prévision de croissance de l'économie française pour 2012, ramenée à 2,25% du produit intérieur brut (PIB) contre 2,5% auparavant, dans une interview au quotidien Les Echos à paraître jeudi.
"Notre prévision de croissance de 2% en 2011 est désormais jugée crédible, alors que le gouvernement a longtemps été attaqué sur ce point. L'OCDE estime même que l'on pourrait se situer au delà", dit Mme Lagarde.
"Pour 2012, nous envisageons une accélération de la croissance, mais nous avons décidé d'être prudent en tablant sur une progression du PIB de 2,25% au lieu des 2,5% envisagés jusque là", affirme-t-elle.
La ministre justifie cette révision par le fait que "la reprise de la demande mondiale adressée à la France pourrait être un peu plus tempérée qu'attendu", dans un environnement international marqué notamment par la flambée des cours du pétrole et des matières premières.
Le nouveau scénario économique du gouvernement "s'appuie sur un prix moyen du baril de pétrole brut de 101 dollars, contre 77 dollars dans le programme de stabilité établi l'an dernier", souligne Mme Lagarde.
La révision de la prévision de croissance de Bercy anticipe la remise d'ici vendredi au Parlement du programme de stabilité et de croissance de la France, qui doit être débattu à l'Assemblée nationale et au Sénat en amont de sa transmission début mai à la Commission européenne.
La prévision de 2,5% l'année prochaine était jugée trop optimiste par la plupart des économistes. Dans ses dernières perspectives économiques publiées lundi, le Fonds monétaire international table lui-même sur une croissance hexagonale de seulement 1,8% en 2012.
Mme Lagarde justifie dans Les Echos sa révision modérée en arguant que "d'autres facteurs vont jouer favorablement, tels que la montée en puissance des investissements d'avenir".
Une semaine après avoir revu en baisse la prévision de déficit public de la France pour cette année (à 5,7% du PIB), la ministre de l'Economie annonce par ailleurs que la dette publique du pays culminera l'an prochain à 86% du PIB, soit moins que la prévision précédente de 87,4%.
"La dette publique atteindra un pic en 2012, à 86% de PIB, ce qui est un peu moins élevé que prévu jusque là, avant de commencer à décroître en 2013, à 85,6%", déclare-t-elle dans Les Echos.
Pour tenir l'objectif "impératif" de ramener le déficit français sous le plafond de 3% du PIB fixé par les traités européens en 2013, Christine Lagarde maintient le cap d'une "très grande discipline budgétaire" axée sur la limitation des dépenses publiques et la chasse aux niches fiscales et sociales.
"Il n'y aura pas de hausse générale des taux d'imposition", martèle-t-elle à nouveau.
"Les hausses d'impôts sont toujours évitables, même après 2012", ajoute-t-elle récusant une recommandation de l'OCDE qui estime que la France doit envisager de relever les taxes environnementales, celles sur les propriétés ou la TVA.
Mme Lagarde qualifie également d'"irresponsable" l'idée défendue par le Parti socialiste, dans son programme pour la présidentielle, de repousser d'un an, à 2013, le retour du déficit à 3% du PIB.