Les rumeurs alarmantes se sont multipliées mercredi déclenchant en début d'après-midi un soudain mouvement de panique à la Bourse de Paris, le marché plongeant, malgré les démentis officiels, à l'unisson des autres Bourses européennes.
Le signal négatif a été donné par la Bourse de Milan qui commence à glisser vers 12H30. A ce moment là, les autres grandes Bourses européennes, Paris, Londres, Francfort ou Madrid, naviguent encore calmement dans le vert, au lendemain d'une intervention jugée rassurante du président de la Fed, Ben Bernanke.
Le tournant s'opère peu après 14H00. A Paris, le CAC 40, quasiment en positif depuis le début de la séance, tombe dans le rouge et s'enfonce très vite. Juste avant 15H00, le secteur bancaire plonge, l'indice parisien perd déjà plus de 1%.
Dans la foulée, la Bourse de Londres se retourne soudainement, mais ses pertes sont encore limitées à 0,89%. A ce moment là, Milan est déjà en chute de plus de 3%.
De nouvelles inquiétudes sur la Grèce sont d'abord pointées pour expliquer l'attaque sur les valeurs bancaires.
Dès 15H10, le repli de Paris dépasse la barre des 2%. Francfort n'est pas en reste, avec un recul de 1,13%.
Rapidement, la Grèce n'apparaît plus comme un motif suffisant à cette déconfiture générale.
Un analyste parisien parle, sous couvert d'anonymat, de "rumeurs les plus folles". "Certains parlent même d'une éventuelle dégradation de la note française par une agence de notation". La panique prend forme.
Le retour de vacances anticipé du président Nicolas Sarkozy pour une réunion de crise sur les déficits publics rend l'ambiance encore plus électrique.
A 15H30, l'ouverture de Wall Street n'arrange rien: dès le son de la cloche, le Dow Jones affiche une baisse de 1,21%. Il ne lui faudra que trois minutes pour s'enfoncer de plus de 2%.
De même sur le Vieux continent, Paris cède plus de 3% après l'ouverture de New York, quand Milan s'enfonce de plus de 4% et Francfort 2%.
Les actions des banques sont sans conteste en ligne de mire: vers 16H00, le titre de la Société Générale fond de plus de 20%. Le tableau est à peine plus rose pour ses concurrentes, avec BNP Paris qui perd 12% ou Crédit Agricole 16%.
Sans savoir si les rumeurs sur la note française sont fondées ou pas, ni leur origine, les "investisseurs jouent la carte de la peur", estime un analyste.
En quelques minutes, le Dow Jones, Madrid et Francfort franchissent tour à tour la barre des -3%.
Paris accélère encore: -4,71% à 16H14.
A cet instant précis, Bercy dément "formellement" les rumeurs de dégradation de la note de la France.
Les Bourses allemande et italienne dégringolent de plus de 6%.
"Les trois agences Standard's and Poor, Fitch et Moody's ont confirmé qu'il n'y avait pas de risque de dégradation", insiste l'entourage du ministre des Finances François Baroin.
Face à ce vent de panique, Fitch, dont les intentions faisaient particulièrement l'objet de rumeurs, s'oblige à confirmer la note AAA de la France et sa perspective stable."Il n'y a rien de nouveau, pas d'histoire", insiste un porte-parole.
Rien n'y fait. Une fois 17H00 passées, Paris s'enfonce toujours davantage. Une demi-heure avant la fin de la séance, le CAC 40 sombre de plus de 5%, les bruits sont tenaces.
Au même moment, le Dow Jones perd plus de 4%, les valeurs bancaires sont rudoyées comme de l'autre côté de l'Atlantique.
Seule l'heure officielle de fin de séance vient mettre un terme à ce saccage. La Bourse de Paris arrête sa respiration sur une chute de 5,45%.
Le temps est au décompte des pertes: -3,05% pour Londres, -5,13% pour Francfort, -6,65% pour Milan, -5,49% pour Madrid.
Ces mouvements incontrôlables des marchés boursiers n'auront pas fait que des perdants: l'once d'or a établi un nouveau record.
Vers 18H00, la Bourse de New York n'était elle pas arrivée au bout de son cauchemar: Dow Jones et Nasdaq perdaient encore 3% et avaient encore quatre heures et demi devant eux à traverser.