Le patron d'Apple (NASDAQ:AAPL), Tim Cook, a qualifié jeudi de "foutaise politique" la décision de Bruxelles de demander à l'américain de rembourser à l'Irlande 13 milliards d'euros d'avantages fiscaux, critique aussitôt rejetée par la Commission européenne.
"C'est de la foutaise politique", a-t-il lancé, dans un entretien accordé au quotidien irlandais Irish Independent. Il s'en prenait en particulier au chiffre avancé par la Commission européenne concernant son taux d'imposition sur ses bénéfices européens en 2014, évalué à 0,005% par Bruxelles.
"Ils ont juste pris un chiffre je ne sais où. Durant l'année au cours de laquelle la Commission dit que nous avons payé ce taux d'impôt, nous avons en fait payé 400 millions de dollars. Nous pensons que cela fait de nous le plus grand contribuable en Irlande cette année-là", a-t-il expliqué.
M. Cook s'est vigoureusement défendu d'avoir pu bénéficier d'un traitement fiscal privilégié de la part de l'Irlande.
"C'est exaspérant, c'est décevant, c'est quelque chose de politique, ce n'est pas fondé sur les faits ou la loi", a-t-il estimé dans un entretien à la télévision irlandaise RTE.
M. Cook espère donc que le pays va faire appel de cette décision.
"Nous sommes engagés en Irlande depuis 37 ans, nous avons une histoire d'amour de long terme ensemble et je suis plutôt confiant sur le fait que le gouvernement va prendre la bonne décision et je pense que la bonne décision est de se tenir debout et de riposter", a-t-il expliqué sur RTE.
Il a estimé que son groupe, qui va faire appel de son côté, "n'avait pas à présenter ses excuses" et que le gouvernement irlandais "n'avait absolument rien fait de mal".
La commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, a immédiatement rejeté l'idée que la décision de la Commission puisse avoir été politique.
"Cette décision se base sur des faits", a-t-elle répondu à Tim Cook lors d'une conférence de presse, soulignant que les chiffres utilisés lors de l'enquête avait été fournis "par Apple lui-même" ou recueillis lors des auditions du groupe devant le Sénat américain en 2011.
"Le dossier Apple concerne des bénéfices issus de ventes en Europe", mais "enregistrés en Irlande", a-t-elle ajouté. "C'est, je pense assez manifestement, une question européenne", qui concerne "les règles de l'UE sur les aides d'Etat."
L'Irlande a indiqué immédiatement après l'annonce de Bruxelles mardi qu'elle se préparait à faire appel, mais n'a pas encore arrêté sa décision. Le gouvernement doit se réunir vendredi sur le sujet, alors qu'une première réunion d'urgence tenue mercredi n'a pas abouti, une minorité de ministres souhaitant un vote parlementaire.
L'Irlande pourrait ainsi prendre le risque de renoncer à cette manne afin de protéger son économie qui profite à plein du faible taux d'impôt sur les sociétés, qui s'établit à 12,5%.