Le numéro un mondial des téléphones mobiles Nokia a annoncé jeudi la suppression de 1.800 emplois malgré des résultats trimestriels bien meilleurs que prévu, un mois après l'arrivée d'un nouveau patron pour relancer le groupe.
Le Canadien Stephen Elop, transfuge du groupe américain Microsoft et premier non-Finlandais à la tête du groupe, a employé la manière forte dès son arrivée aux commandes, en soulignant que Nokia devait "réévaluer son rôle et son approche du secteur" des téléphones mobiles.
"Au cours des cinq semaines passées depuis mon arrivée à Nokia, j'ai trouvé une entreprise avec de nombreux points forts et une histoire jalonnée de succès sans équivalent", déclare le nouveau directeur général dans le rapport financier trimestriel du finlandais.
"Mais notre entreprise fait face à une période de perturbations remarquables dans le secteur, avec des résultats récents montrant que nous devons réévaluer notre rôle et notre approche", ajoute-t-il.
Le numéro un mondial peine depuis plusieurs mois à trouver la parade à la percée de l'iPhone d'Apple et des téléphones sous système d'exploitation Android (Google) qui rognent ses profits dans le juteux créneau des téléphones multifonctions, ou "smartphones".
Outre l'impulsion donnée par son nouveau patron, Nokia mise beaucoup sur son nouveau smartphone, le N8, en cours de lancement.
Nokia indique mener son plan social, qui prévoit "jusqu'à" 1.800 suppressions d'emplois, "pour accélérer sa transformation et améliorer son efficacité".
Les suppressions d'emplois concernent principalement des personnes travaillant sur le système d'exploitation Symbian, jugé dépassé et dont l'obsolescence est vue comme une des raisons des difficultés de Nokia dans les smartphones.
Les licenciements, dont 750 concernent la Finlande, viseront aussi "l'organisation de la division Services et certains cadres de l'entreprise", ajoute Nokia dans un communiqué.
Le plan social du Finlandais, doublé de résultats meilleurs que prévu au troisième trimestre et d'un relèvement de sa prévision de rentabilité opérationnelle, a ravi les investisseurs: à la Bourse d'Helsinki, l'action Nokia a terminé sur un bond de 6,3%, à 8,21 euros, tirant l'indice OMX-25 (+2,6%).
Mais Pete Cunningham, un analyste du cabinet Canalys, tempère: si les suppressions d'emplois peuvent être vues comme un signe que le PDG veut remodeler l'entreprise, elles auront un effet limité en elles-mêmes.
Nokia "doit toujours lancer plus de smartphones haut de gamme pour faire un vrai come-back sur ce créneau important", souligne-t-il selon Dow Jones.
Au troisième trimestre, tant les bénéfices que le chiffre d'affaires ont été au-dessus des attentes, mais Nokia a révisé à la baisse sa prévision de part de marché pour 2010, tablant désormais sur un recul par rapport à 2009, où elle était de 38%.
Entre juillet et septembre, sa part estimée du marché des téléphones a chuté à 30% contre 34% un an plus tôt.
Entre juillet et septembre, Nokia a dégagé un bénéfice net de 529 millions d'euros, selon son rapport financier, nettement au-dessus du consensus des analystes, qui tablaient sur seulement 229 millions, selon Dow Jones Newswires.
L'an dernier, à la même période, Nokia avait subi des pertes historiques de 559 millions, les premières des années 2000, liées à de lourdes charges exceptionnelles de sa coentreprise Nokia Siemens Networks (NSN).
NSN a réduit sa perte opérationnelle à 282 millions contre 1,11 milliard il y a un an.
Le chiffre d'affaires trimestriel de Nokia ressort en hausse de 5% sur un an et de 3% par rapport au trimestre précédent à 10,27 milliards d'euros.
Tiré par un prix de vente moyen des téléphones en hausse à 65 euros l'unité contre 61 euros au deuxième trimestre, il est lui aussi nettement au-dessus des attentes de 10,0 milliards.
Nokia employait fin septembre environ 131.600 personnes, contre 123.400 un an plus tôt, dont 66.100 chez NSN.