Près de deux ans après sa création, Pôle emploi suscite une satisfaction en demi-teinte des demandeurs d'emploi et des entreprises, selon une enquête commandée par le gouvernement pour qui "il reste beaucoup de choses à améliorer".
La fusion, intervenue fin 2008, entre l'organisme indemnisant les chômeurs --les Assedic-- et celui chargé de les aider à retrouver un emploi --l'ANPE-- s'est faite dans la douleur : des problèmes administratifs, la recherche de locaux, la fusion d'équipes aux spécialités très différentes ont pesé sur le fonctionnement de l'opérateur, qui emploie près de 50.000 salariés. La crise, avec sa cohorte de nouveaux chômeurs, a aggravé les difficultés.
D'où la décision en juillet du secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez de lancer une consultation pour juger des performances de Pôle emploi, qui a été menée par IPSOS, et à laquelle ont répondu 100.000 demandeurs d'emploi.
Il en ressort que les deux tiers des demandeurs d'emploi -- 66% -- sont "globalement" satisfaits de Pôle emploi, jugeant les démarches "plus simples" qu'avant la fusion (à 69%), et "plus rapides" (à 67%).
Ils sont en particulier à 80% satisfaits de la gestion du paiement de leur indemnisation, leur premier sujet de préoccupation.
Mais, là où le bât blesse c'est que s'agissant de son autre mission essentielle, l'aide à la recherche de l'emploi, l'organisme ne semble pas assez performant : près de la moitié des usagers -- 48% -- se disent insatisfaits des services rendus pour permettre leur réintégration sur le marché du travail.
Pour le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez, la consultation "valide" la fusion et porte "un démenti très clair à toutes les caricatures qu'on a pu subir". Mais "il reste beaucoup de choses à améliorer", admet-il.
En particulier, il entend faciliter les contacts entre demandeurs d'emploi et entreprises --qui majoritairement, selon l'enquête, se disent satisfaites de Pôle emploi mais réclament un "meilleur ciblage" des candidatures qui leur sont adressées. Le ministre préconise notamment le développement de "forums de recrutement" pour favoriser ces contacts.
M. Wauquiez estime aussi qu'il faut "assouplir" le contact entre les usagers et les conseillers de Pôle emploi, en développant notamment les relations par mail : 91% des usagers y sont favorables, selon l'enquête.
A 80%, les usagers sont des internautes, souligne le directeur général du Pôle emploi, Christian Charpy. Il souligne aussi le développement des contacts téléphoniques, assurant que le taux de décroché de la ligne téléphonique 3949, mise à disposition des demandeurs d'emploi, s'est nettement amélioré et "est de 80%".
Le directeur général de Pôle emploi réfute les éléments d'un rapport interne alarmiste publié lundi par le Parisien et qui fait état notamment d'une surcharge de travail des conseillers qui, en Seine-Saint-Denis, doivent gérer jusqu'à 200 dossiers.
"En moyenne, un conseiller gère 105 dossiers", souligne M. Charpy qui reconnaît toutefois qu'il ne s'agit que d'une moyenne.
"Le retour à l'emploi est compliqué aujourd'hui et la charge est lourde pour le personnel" de Pôle emploi, reconnaît le patron de Pôle Emploi alors que quatre syndicats de l'opérateur (SNU, Sud, Snap et CGT) ont appelé le personnel à une grève nationale le 9 novembre pour demander une amélioration des conditions de travail et d'accueil.