BERLIN (Reuters) - La croissance économique allemande s'est accélérée au deuxième trimestre mais un peu moins qu'attendu, le commerce extérieur soutenant l'expansion de l'activité tandis que l'investissement intérieur la freinait, montrent les statistiques publiées vendredi par l'Office fédéral de la statistique.
Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,4% en données corrigées des variations saisonnières (CVS), après une hausse de 0,3% sur les trois premiers mois de l'année. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une croissance de 0,5% au deuxième trimestre.
Les données brutes montrent qu'en rythme annuel, la première économie d'Europe a crû de 1,6% au deuxième trimestre, dépassant le consensus, qui donnait un chiffre de 1,5%.
"Soutenues par la faiblesse de l'euro, les exportations ont augmenté plus fortement que les importations selon les premiers calculs", précise l'Office de la statistique dans un communiqué.
Les entreprises allemandes évoluent de fait dans un contexte porteur: les commandes à l'industrie ont enregistré sur la période avril-juin leur plus forte hausse depuis début 2011, grâce principalement au dynamisme de la demande étrangère, et le climat des affaires s'est amélioré le mois dernier après deux mois de baisse, profitant de l'accord conclu le 13 juillet à Bruxelles entre la Grèce et ses créanciers sur un nouveau plan d'aide.
"Alors que l'économie de la zone euro semble montrer quelques signes de rééquilibrage, avec la stagnation en France et des chiffres de croissance solides en Espagne et en Grèce, l'Allemagne reste un foyer de confiance presque ennuyeux", a commenté vendredi Carsten Brzeski, économiste de la banque ING (AMS:ING).
Pour autant, l'institut national de la statistique a relevé une baisse marquée des stocks et la faiblesse des investissements.
"Le principal point faible se trouve dans les investissements des entreprises et cela va probablement rester le cas faute de bonnes perspectives commerciales", a relevé Holger Sandte, de Nordea, tout en jugeant que la croissance allemande, même si elle n'est pas rapide, s'appuie sur des bases solides.
La moitié des 30 entreprises de l'indice Dax de la Bourse de Francfort ont publié des résultats financiers supérieurs aux attentes des investisseurs pour la période avril-juin. Plus des deux tiers ont toutefois maintenu simplement leurs prévisions initiales pour l'ensemble de l'année, en raison des incertitudes économiques et géopolitiques.
A cause de ces dernières, la dépendance de l'économie allemande au commerce extérieur, qui demeure pour l'instant un atout majeur, pourrait en effet devenir facteur de risque.
Le sentiment des investisseurs et des analystes financiers en Allemagne s'est d'ailleurs dégradé en août selon la dernière enquête de l'institut ZEW, publiée mardi.
Certains économistes ont été rassurés par le fait que ni le ralentissement de la croissance chinoise ni la crise grecque n'avaient ralenti la croissance allemande au deuxième trimestre.
Mais pour Andreas Rees, d'UniCredit, "il est indéniable que le ralentissement chinois a déjà pesé sur les entreprises allemandes. Il est également probable que cette pression baissière va s'accentuer au deuxième semestre", a-t-il souligné.
(Paul Carrel, Wilfrid Exbrayat, Marc Angrand et Myriam Rivet pour le service français)