PARIS (Reuters) - Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, attend au moins 200.000 votants à son référendum sur l'union de la gauche, qui s'est ouvert vendredi matin en dépit de la perplexité, voire de l'hostilité de ses alliés habituels.
"En deçà, ce serait un mauvais signe", a-t-il dit vendredi sur France Info.
Le patron du Parti socialiste misait sur ce scrutin, annoncé en septembre à la surprise générale, pour enclencher une dynamique favorable à la gauche en vue des élections régionales de décembre et éviter une déroute de la gauche.
En théorie, le corps électoral est large puisque "toute personne se retrouvant dans les valeurs de la gauche, des écologistes et de la République" est conviée à y participer, y compris sur Internet - il suffit de renseigner un nom, un prénom, un code postal et une adresse électronique.
Les personnes intéressées sont appelées à répondre à la question suivante, conçue pour être fédératrice : "Face à la droite et à l'extrême droite, souhaitez-vous l'unité de la gauche et des écologistes aux élections régionales ?"
Mais dans les faits, le scrutin n'est organisé que par le PS et une poignée de formations sans réelles troupes, comme le Front démocrate ou Génération écologie, sans le Front de gauche, ni Europe Ecologie-Les Verts (EELV).
"Je pense que (le nombre de participants) sera entre 200 et 300.000", a dit Jean-Christophe Cambadélis.
Par comparaison, même si la portée des deux initiatives est totalement différente, le PS avait mobilisé en 2011 2,7 millions de votants au premier tour, puis 2,9 millions au second tour de la primaire qui s'était soldée par la désignation de François Hollande comme candidat à la présidentielle.
"NOUVELLE INITIATIVE"
Quel que soit le résultat du scrutin - la victoire du "oui" paraît acquise - et le niveau de participation, Jean-Christophe Cambadélis a annoncé une surprise pour dimanche, jour de clôture des opérations de vote.
"Dimanche soir, je prendrai une nouvelle initiative toujours sur la question de l'unité parce que je pense que c'est la clé du second tour et du premier tour des élections régionales", a-t-il promis sur France Info.
Malgré ses annonces successives, le premier secrétaire du PS peine à vaincre les réticents à gauche.
"Le Parti socialiste demande qu'on se regroupe autour de lui, c'est une vieille tradition et je crois que c'est ce qui pose problème aujourd'hui et qui montre qu'on a besoin de reconstruire les rapports", a jugé vendredi sur iTELE Barbara Pompili, l'une des parlementaire en rupture de ban d'EELV.
Lundi, la secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, avait publié une lettre ouverte à Jean-Christophe Cambadélis pour dénoncer un "chantage au rassemblement" et "une stratégie de stigmatisation".
En fin de compte, la manoeuvre "augmente les chances de victoire de la droite et de l'extrême droite" et "paraît (...) contradictoire avec l'objectif de responsabilité que vous exigez de vos partenaires", toujours selon Emmanuelle Cosse.
A la gauche du PS, on déplore également une initiative peçue comme un simple effet de manche.
"Ils peuvent faire tout le cinéma, la comedia dell'arte qu'ils veulent avec le référendum, tout ça c'est du pipeau", a estimé André Chassaigne, chef de file des députés communistes, selon des propos rapportés par le journal L'Humanité.
"J'irai voter", a quant à lui promis le Premier ministre, Manuel Valls.
(Simon Carraud, avec Yan le Guernigou; édité par Yves Clarisse)