Le gouvernement russe a estimé lundi la chute du produit intérieur brut du pays à 4,3% sur un an au troisième trimestre, soit moins forte qu'au deuxième, ce qui lui donne à penser que le pire est passé pour l'économie russe.
Cette estimation a été donnée par le vice-ministre de l'Economie responsable des prévisions économiques Alexeï Vedev, cité par les agences russes.
La Russie est en récession depuis le début de l'année à cause de l'effondrement du marché pétrolier et des sanctions liées à la crise ukrainienne. Son PIB avait reculé de 2,2% au premier trimestre par rapport à la même période un an plus tôt, puis de 4,6% au deuxième trimestre, selon l'agence des statistiques Rosstat, qui n'a pas encore publié son chiffre pour le troisième trimestre.
Le gouvernement table sur une contraction de 3,9% cette année.
"Selon nos estimations, l'économie a atteint le fond en juin-juillet", a déclaré M. Vedev, relevant même une petite hausse du PIB en septembre par rapport à août.
Disant faire preuve d'"optimisme prudent", il a estimé que le PIB pourrait ressortir en hausse au quatrième trimestre par rapport au troisième et indique tabler sur une "petite croissance" en 2016.
Le président russe Vladimir Poutine avait également jugé la semaine dernière que le pire de la crise était passé.
Contrairement aux autorités russes, aussi bien le Fonds monétaire international que la Banque mondiale jugent depuis la rechute des cours du pétrole cet été que la récession devrait se poursuivre l'année prochaine.
L'effondrement du rouble de la fin 2014 a notamment provoqué une envolée des prix, affectant lourdement le pouvoir d'achat et la consommation et provoquant une hausse de la pauvreté.
"Seule une timide reprise est attendue au second semestre 2016", a estimé l'agence Fitch dans une note publiée lundi, et "la consommation et les investissements ont peu de chance de rebondir en 2016".
Fitch a confirmé malgré tout la note de la dette souveraine de la Russie à "BBB-", soit à un niveau au-dessus de la catégorie "spéculative" qui détourne certains investisseurs. L'agence a expliqué que le pays bénéficiait de la dépréciation du rouble qui gonfle ses revenus tirés des exportations.
Standard & Poor's, la première à reléguer la Russie en catégorie spéculative, a prévenu de son côté vendredi qu'un nouvel abaissement était possible, la croissance ne devant pas dépasser 0,4% par an entre 2015 et 2018 contre 2,4% en moyenne les quatre années précédentes. S&P explique cette prévision "d'une part par le ralentissement économique déjà entamé avant les événements en Ukraine" et d'autre part par le "manque de financement extérieur dû aux sanctions économiques et à la chute des prix du pétrole".
Face à la baisse de ses revenus, le gouvernement a puisé dans les réserves accumulées ces dernières années quand les cours du pétrole -première source de revenus pour le budget avec le gaz- étaient élevés pour financer des projets d'infrastructure, indexer les retraites ou injecter des fonds publics dans le capital des banques.
Pour l'année prochaine, le budget actuellement en préparation est attendu en déficit d'environ 3% du PIB comme cette année. Il devrait prévoir des hausses des retraites et des traitements des fonctionnaires très inférieurs à l'inflation, et pourrait intégrer de nouvelles taxes sur le secteur pétrolier, un sujet au coeur d'intenses débats au sein du gouvernement.
En revanche, il devrait préserver le secteur de la Défense, en forte hausse ces dernières années, au moment où la Russie est engagée dans des frappes aériennes en Syrie.