par Parisa Hafezi et Rania El Gamal
ANKARA/DUBAI (Reuters) - L'Iran s'est abstenu mercredi de proposer de limiter sa production pétrolière dans le cadre de l'accord conclu la veille entre plusieurs autres pays exportateurs, la priorité de Téhéran restant la reconquête des parts de marché perdues à cause des sanctions internationales.
La position iranienne risque de compliquer les discussions sur les plafonds de pompages après le compromis auquel sont parvenus mardi à Doha l'Arabie saoudite et la Russie, les deux principaux producteurs mondiaux.
Avec le Qatar et le Venezuela, ces derniers ont dit prévoir de geler leur production à son niveau de janvier, donc non loin des plus hauts niveaux historiques.
Cet accord n'a pour l'instant pas convaincu le marché pétrolier, qui espérait une baisse de la production et non un simple gel.
"La décision qui a été prise pour les membres de l'Opep et des non-Opep de maintenir leur plafond de production pour stabiliser le marché et les cours au bénéfice des producteurs et des consommateurs a notre soutien", a déclaré le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, selon des propos rapportés par l'agence officielle de son ministère, Shana.
"C'est un premier pas et d'autres pas doivent être franchis. Cette coopération entre Opep et non-Opep est une bonne nouvelle", a-t-il ajouté après une réunion avec ses homologues de trois autres pays producteurs de brut, l'Irak, le Venezuela et le Qatar.
Ses visiteurs ont quitté la réunion sans faire de commentaire.
LE COURS DU BRENT EST REPARTI À LA HAUSSE
Zanganeh s'est ensuite exprimé devant les médias iraniens, en s'abstenant d'évoquer la position de l'Iran sur un gel de sa propre production.
Avant qu'une limitation de la production soit évoquée, Téhéran avait auparavant clairement affiché sa volonté de profiter de la levée des sanctions internationales pour relancer ses exportations de brut.
L'Iran exportait autour de 2,5 millions de barils par jour (bpj) avant 2012, un volume ramené à 1,1 million de bpj environ avec les sanctions. Une enquête Reuters publiée le 5 janvier montrait une production iranienne de 2,9 millions de bpj en décembre.
Les sanctions ont été levées le mois dernier après un accord passé entre Téhéran et les puissances occidentales sur le programme nucléaire iranien en juillet.
La République islamique souhaite augmenter ses ventes d'environ un million de bpj d'ici six à 12 mois. Mercredi, plusieurs banques iraniennes ont été reconnectées au réseau international de transactions Swift, ce qui devrait faciliter la reprise des échanges.
Deux sources non-iraniennes proches des discussions au sein de l'Opep ont déclaré à Reuters mardi que l'Iran pourrait bénéficier de conditions spécifiques dans le cadre de l'accord sur le gel de la production.
Le cours du baril de Brent, qui avait bénéficié dans un premier temps mardi de l'annonce de Doha avant de céder du terrain, gagnait plus de 7% mercredi vers 18h15 GMT à 34,50 dollars, les investisseurs semblant de nouveau croire à un impact positif de l'accord russo-saoudien.
(Marc Angrand et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)