par Sujata Rao
LONDRES (Reuters) - Les flux d'investissement de portefeuille à destination des pays émergents ont atteint 36,8 milliards de dollars (32,9 milliards d'euros) au mois de mars, leur plus haut niveau depuis près de deux ans, selon des données publiées mardi par l'Institut de la finance internationale (IIF), qui prévient toutefois que cette manne pourrait se tarir avec les perspectives de hausses de taux aux Etats-Unis.
L'organisme, qui regroupe les plus grandes banques internationales, est considéré comme l'une des sources les plus autorisées sur les flux de capitaux dans les pays émergents.
Il a précisé que les quatre grandes zones émergentes avaient bénéficié de flux d'investissements de portefeuille, l'Asie arrivant en tête avec des entrées nettes de capitaux de 20,6 milliards de dollars.
Les flux entrants du mois de mars, au plus haut depuis juin 2014, marquent une accélération par rapport aux 5,4 milliards de dollars enregistrés en février et sont sensiblement supérieurs à la moyenne de la période 2010-2014 qui s'établissait à 22 milliards de dollars, a dit l'IIF.
Ils se sont portés à hauteur de 18,9 milliards de dollars sur les obligations et de 17,9 milliards sur les actions.
L'Amérique latine, boudée par les investisseurs au cours des derniers mois, a reçu 13,4 milliards de dollars de capitaux, dont deux milliards sur les actions au Brésil en dépit de la crise qui secoue le pays, grâce à "des valorisations attractives et aux espoirs de changement politique", relève l'IIF.
L'accélération des entrées de capitaux dans les émergents pourrait marquer le pas dans les prochaines semaines avec le regain des anticipations de hausses de taux par la Réserve fédérale d'ici la fin de l'année, prévient toutefois l'organisme.
"En l'absence d'amélioration sensible des perspectives économiques fondamentales des économies émergentes, l'envolée des flux en mars s'explique principalement par le regain d'appétit pour le risque des investisseurs et la baisse des taux d'intérêt dans les marchés matures, alimentés par les signaux étonnamment accommodants envoyés par la Réserve fédérale le 16 mars", écrit l'IIF dans une note en faisant référence à la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed.
(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)