PARIS (Reuters) - Seulement 33% des Français font confiance au gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme, selon un sondage Ifop pour Le Figaro réalisé dans le sillage de l'attentat meurtrier de Nice et publié lundi.
Un niveau de défiance inédit à l'égard des autorités : selon les enquêtes réalisées après les attaques contre Charlie Hebdo et un supermarché casher en janvier 2015 et les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, la moitié des Français disaient alors faire confiance au gouvernement face au terrorisme.
La confiance à l'égard de la police, de la gendarmerie et des services de renseignement reste en revanche élevée, à 84% (contre 87% dans les enquêtes de janvier et novembre 2015).
Pour les personnes interrogées, l'action du gouvernement est insuffisante à la fois sur le plan judiciaire et sur les moyens consacrés à la lutte contre le terrorisme.
Elles reprochent au gouvernement de ne pas en faire assez concernant "les peines prononcées par la justice contre les membres des réseaux et cellules terroristes" (à 88%).
Mais aussi en termes de "moyens juridiques" accordés à la police, à la gendarmerie et aux services de renseignement pour surveiller et interpeller les individus suspectés d'activités terroristes (à 77%).
Les sondés reproche enfin au gouvernement de ne pas en faire assez sur le plan des "effectifs de policiers, de gendarmes, de militaires et des services de renseignement affectés à la lutte contre les réseaux terroristes" (à 69%).
Contrairement aux attentats de janvier et novembre 2015, l'opposition de droite a mis en cause la responsabilité du gouvernement immédiatement après l'attaque commise par Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un Tunisien de 31 ans habitant à Nice, inconnu jusqu'ici des services de renseignement.
Ces accusations ont une nouvelle fois été dénoncées par François Hollande lors du conseil de défense organisé lundi matin. Selon le ministre de l'Intérieur, le chef de l'Etat a rappelé lors de cette réunion "l'obligation de recueillement, de rassemblement du pays mais aussi, pour ceux qui ont une parole publique, l'obligation de dignité et de vérité."
Interrogé quelques heures plus tôt sur RTL, Bernard Cazeneuve avait mis les déclarations de l'opposition sur le compte des échéances électorales à venir en 2017.
La lutte antiterroriste impose "la plus grande rigueur", "qu'on ne cède pas à la pente de la politique politicienne et que l'on n'obère pas l'essentiel c'est-à-dire la capacité du pays à être dans la résilience, sous prétexte qu'il y a des échéances électorales pour lesquelles on concourt", a-t-il dit.
L'enquête publiée par Le Figaro a été réalisée auprès d'un échantillon de 1.000 personnes les 15 et 16 juillet, juste après l'attaque commise par Mohamed Lahouaiej Bouhlel au volant d'un camion sur la Promenade des Anglais à l'occasion des festivités du 14-Juillet, qui a fait 84 morts et plus de 300 blessés.
(Myriam Rivet, édité par Emmanuel Jarry)