La situation était calme dans les aéroports parisiens mercredi matin, au premier jour d'une grève des hôtesses et stewards d'Air France qui intervient en plein chassé-croisé estival, malgré l'annulation par la compagnie de 13% de ses vols pour la journée.
Aussi bien à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle qu'à celui d'Orly, "ça se passe bien pour l'instant", "la situation est calme", sans files d'attente interminables, Air France ayant prévenu à l'avance les passagers, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources aéroportuaires.
Pour ce premier jour d'un mouvement prévu jusqu'au 2 août, la compagnie a indiqué mardi qu'elle anticipait le maintien de 92% des vols long-courriers, 90% des vols intérieurs et plus de 80% des moyen-courriers à Roissy Charles-de-Gaulle. Des annulations ou retards de dernière minute sont possibles, a-t-elle toutefois prévenu.
"Les vols Air France opérés par un avion d'une autre compagnie, dont HOP!, KLM et Delta, ne sont pas concernés" par le mouvement, a-t-elle précisé, sans mentionner la filiale low cost Transavia.
Les hôtesses et stewards d'Air France protestent contre le renouvellement pour 17 mois de l'accord d'entreprise fixant notamment leurs règles de travail, de rémunération et de carrière. Pour mercredi, la compagnie a recensé 37% de grévistes parmi ses personnels navigants commerciaux (PNC).
Selon des sources aéroportuaires, 181 vols Air France au total ont été annulés arrivant ou partant des aéroports parisiens mercredi: 70 vols au départ et 64 à l'arrivée à Roissy, ainsi que 24 vols au départ et 23 à l'arrivée à Orly, où seul un retard d'une demi-heure était annoncé mercredi vers 8h30.
Cinq syndicats appellent à la grève du 27 juillet au 2 août : le SNPNC-FO et l'Unsa-PNC, qui revendiquent ensemble 45% des voix PNC, ainsi que les organisations non représentatives SNGAF, CFTC et Sud.
L'accord collectif s'appliquant aux plus de 13.000 PNC d'Air France arrive à échéance fin octobre. Si les négociations débutées au printemps venaient à échouer de manière définitive, la direction pourrait appliquer un texte unilatéralement, avec la règlementation internationale pour seule contrainte.
Pour obtenir la levée des préavis de grève, la direction a proposé début juillet de reconduire jusqu'en mars 2018 l'accord existant, "avec certaines modifications mineures", selon elle.
Les syndicats ont refusé, réclamant une durée de cinq ans ou, à défaut, un accord à durée indéterminée comme les autres catégories du personnel.
- Période cruciale -
"On ne se met pas en grève dans une telle période, au risque de compromettre le redressement d'Air France", a regretté dimanche le président d'Air France, Frédéric Gagey, dans les colonnes du Parisien.
La compagnie tricolore a renoué avec les bénéfices en 2015, une première "depuis six ans" selon son PDG. Au premier semestre, elle a réduit sa perte à nette à 114 millions d'euros contre 638 millions il y a un an, selon les résultats publiés mercredi. Mais elle note une détérioration du paysage depuis le deuxième trimestre en raison du contexte terroriste en Europe après l'attentat de Bruxelles et des surcapacités du marché.
En juin, une grève de quatre jours des pilotes, avec l'annulation de 20% de ses vols en moyenne, lui a coûté environ 40 millions d'euros.
Le mouvement social des hôtesses et stewards, prévu pour durer plus longtemps (7 jours), intervient en plein chassé-croisé estival, une période cruciale pour le chiffre d'affaires.
L'été dernier, Air France a transporté chaque jour 140.000 passagers en moyenne.
Les syndicats rejettent la responsabilité de la grève sur une direction coupable, à leurs yeux, d'"obstination" sur la question de la durée de l'accord, au coeur du conflit.
En acceptant un texte de 17 mois, ils redoutent que l'entreprise n'utilise "le moindre retournement de tendance" pour reprendre les négociations, dans quelques mois, avec des exigences beaucoup plus élevées.
Le président Gagey n'a pas apaisé leur crainte en soulignant dimanche le besoin, pour Air France, de "garder une certaine souplesse" dans le domaine ultra concurrentiel de l'aérien "soumis à des aléas, notamment économiques".