Engagé dans une lourde restructuration, le groupe bancaire allemand Deutsche Bank (DE:DBKGn) pourrait devoir accélérer encore l'allure, a fait savoir mercredi son patron, face à un contexte difficile qui a pesé sur ses performances au deuxième trimestre.
"Si l'environnement de marché actuel persiste à être faible, nous allons avoir besoin d'être plus ambitieux concernant les délais et l'intensité de notre restructuration", a mis en garde le Britannique John Cryan, à la tête du groupe depuis un an.
Le plan stratégique de la banque prévoit actuellement de fermer d'ici 2020 quelque 200 filiales en Allemagne et de supprimer près de 9.000 postes au niveau mondial. En abandonnant un certain nombre d'activités, la banque veut se concentrer sur ses principaux métiers.
Mais cette restructuration, dont le point d'orgue est prévu pour cette année, n'a pas encore produit ses effets sur les comptes du géant bancaire allemand.
D'avril à juin, le groupe de Francfort a vu ses bénéfices fondre à 18 millions d'euros, chutant de 98% et faisant nettement moins bien qu'attendu.
- Plongeon en Bourse -
A la Bourse de Francfort, ce résultat provoquait un plongeon de 4,67% à 12,26 euros de l'action Deutsche Bank vers 7H45 GMT. Le titre a fondu de 45,59% depuis le début de l'année.
Au deuxième trimestre, Deutsche Bank a continué à souffrir des très faibles taux d'intérêt, qui rendent compliqué de faire fructifier l'argent. La banque a par ailleurs fait état de dépréciations sur certains actifs et de nouvelles charges liées à sa restructuration.
Pour ne rien arranger, la décision des Britanniques fin juin de sortir de l'Union européenne a provoqué de fortes turbulences sur les marchés et assombri encore l'horizon. La présence de Deutsche Bank est particulièrement forte au Royaume-Uni.
"Les perspectives sont incertaines et cela est particulièrement vrai au sein de la zone euro", a reconnu M. Cryan lors d'une téléconférence pour analystes.
Signe de ces difficultés, le chiffre d'affaires s'est dégradé dans toutes les activités de Deutsche Bank au deuxième trimestre, et notamment dans sa division phare, la banque d'investissement.
"Même si nos résultats montrent que nous sommes engagés dans une restructuration soutenue, nous sommes satisfaits des progrès que nous réalisons", a toutefois déclaré M. Cryan.
- 'Encore du travail à faire' -
Sur le trimestre écoulé, la banque a continué à réduire son stock de créances douteuses, regroupées dans une structure dédiée, que la banque espère démanteler d'ici la fin de l'année, a précisé le directeur financier Marcus Schenck.
Le groupe, dont le nom est cité dans près de 8.000 affaires judiciaires dans le monde, a aussi nettement réduit le montant de sa facture pour ces risques. Au deuxième trimestre, ces litiges lui ont coûté 120 millions d'euros, contre 1,2 milliard d'euros à la même période l'an passé.
Résoudre ces affaires diverses et variées reste la priorité de la direction, a réaffirmé M. Cryan. D'ici la fin de l'année, la banque espère pouvoir tirer un trait sur quatre litiges majeurs, dont un sur ses activités d'avant-crise sur le marché des créances hypothécaires résidentielles titrisées (RMBS) aux Etats-Unis et un autre sur de possibles actes de blanchiment d'argent en Russie.
"Le délai est désormais du ressort des autorités", a affirmé M. Schenck.
La direction de Deutsche Bank a précisé n'avoir pas renoncé à céder sa filiale de détail Postbank, comme certains journaux allemands l'affirmaient récemment. Le groupe avait annoncé vouloir introduire en Bourse ce réseau, ce qui est toujours d'actualité, a expliqué la banque.
"Il y a encore beaucoup de travail à faire" et "nous n'hésiterons pas à continuer à prendre des décisions dures", même au détriment des résultats du groupe à court terme, a martelé M. Cryan.
"Les finances du groupe sont en très bon état", a d'ailleurs tenu à rassurer le Britannique, jugeant "injustifiées" les craintes concernant la solidité de Deutsche Bank. L'Autorité bancaire européenne doit publier vendredi les résultats de tests de résistance des banques européennes.