Niché au cœur du bocage normand, le haras des Monceaux s'est hissé en quelques années au premier rang des vendeurs des prestigieuses enchères de pur sang destinés aux courses de galop, à Deauville, avec les yearlings les plus chers de France.
"Nous avons beaucoup investi. Le rôle de Lucien Urano (président des restaurants Pizza Pino ndlr) qui a relancé en 2004 le haras, alors à l'abandon, a été prépondérant", explique Henri Bozo, président de l’Écurie des Monceaux, que M. Urano est allé chercher en 2003 à la tête d'un autre haras normand réputé, celui du Mezeray, pour mener à bien le projet. Les précieux poulains grandissent sur 280 hectares, soit 100 de plus qu'il y a 12 ans.
Jeudi matin, à trois jours de l'ouverture de l'édition 2016 des ventes de yearlings (pur sang de 18 mois destinés aux courses de galop) de Deauville, le calme de la concentration domine le haras, un peu comme "une veille de JO", sourit M. Bozo. Le président du haras s'exprime tout doucement devant ses boxes à colombages pour ne pas effrayer les 33 chevaux en partance pour les enchères de yearling les plus importantes en Europe, après celles de Tattersalls en Angleterre.
C'est ici, aux Monceaux qu'a été élevé le poulain vendu en 2015 à un prix jamais atteint à Deauville, 2,6 millions d'euros, déboursés par l'émir de Dubaï, Mohammed bin Rashid Al Maktoum. Et le haras était aussi sur les deuxième et troisième marches du podium avec des yearlings adjugés 1,4 et 1,15 million d'euros. L’Écurie a alors vendu 27 chevaux pour 12 millions d'euros, loin devant le deuxième plus gros vendeur cette année là, le haras des Capucines (3,7 millions).
- 'Le Graal' -
"On n'a pas tout à fait les même moyens, (que les Monceaux), loin s'en faut", souligne Éric Puerari, propriétaire des Capucines (180 hectares dans l'Orne) interrogé par l'AFP.
Arrivés aux enchères d'août de Deauville en 2009, les Monceaux en sont devenus, en 2012, le premier vendeur. Et ils le sont restés, malgré le départ de M. Urano de la présidence de l’Écurie début 2014.
Qui est aujourd'hui le propriétaire du haras qui emploie une vingtaine de personnes ? Selon une source proche des haras normands interrogée par l'AFP, "Les Monceaux appartiennent à un groupement de clients français, anglais, allemand et qatari". Cette source a affirmé ne pas en savoir plus. La famille royale qatari a racheté deux haras en Normandie ces dernières années, mais moins prestigieux que les Monceaux, selon des sources proches des haras concernés.
Indépendamment de la composition du capital des "Monceaux", plusieurs professionnels du galop soulignent que les bons résultats tiennent aussi à la compétence d'Henri Bozo, qui a fait ses gammes pendant deux ans et demi à l'étranger, en Afrique du sud, en Australie, aux Etats-Unis et en Irlande.
"On réinvestit tout, dans une jumenterie de haute qualité et des saillies de bons étalons confirmés. Et les gens qui ont acheté ont pu faire de très belles affaires. Ils ont pu payer cher les chevaux mais ce sont devenus de très bons chevaux. Ça a crédibilisé notre offre", ajoute M. Bozo soulignant l'importance de la qualité des herbages savamment entretenus et la qualité de son personnel. Les paddocks normands ont une réputation mondiale.
La plupart des 80 poulinières, dont 55 appartiennent partiellement au haras et les autres à des clients, vont en Angleterre ou en Irlande, pour des saillies atteignant parfois les 300.000 euros. La saillie du meilleur étalon galopeur français est à 35.000 euros.
Dimanche et lundi les Monceaux présentent notamment à Deauville deux produits de Galileo, "le meilleur étalon du monde" selon M. Bozo, et un de Dubawi, un étalon également très côté.
A l'avenir, ce "très jeune haras", espère qu'un de ces poulains finira vainqueur du Qatar Prix de l'Arc de Triomphe, "le Graal", souligne M. Bozo.