TOULOUSE (Reuters) - La société toulousaine Kinéis a annoncé lundi avoir levé 100 millions d’euros pour financer sa constellation de nanosatellites dédiée à l’internet des objets et dont le lancement est prévu fin 2022.
Créée en septembre 2018 par CLS (Collecte Localisation Satellites), l’opérateur historique du réseau de balises Argos, Kinéis a réalisé cette levée de fonds auprès de partenaires publics et privés.
A l’issue de l’opération, CLS, qui avait apporté 25 millions d’euros d’actifs à la création de la société, reste l’actionnaire de référence avec 32% du capital, contre 26% pour le Centre national d’études spatiales (Cnes) et 20% pour BpiFrance.
Les parts des industriels dont Thales (PA:TCFP), Hemeria, Celad et des investisseurs privés, dont BNP Développement, varient entre 1% et 5%.
CLS vient pour sa part de passer sous le contrôle de la société belge d’investissement CNP.
Kinéis est depuis juin 2019 le nouvel opérateur, pour le compte du Cnes, du système Argos de collecte de données et de localisation de balises dédié à l'étude et à la protection de l'environnement.
Le réseau Argos s’appuie sur sept satellites actuellement en orbite. Cette flotte est complétée par l’instrument Argos-Neo embarqué à bord du nanosatellite toulousain Angels qui a été lancé le 18 décembre 2019.
Dix fois plus léger (1,5 kg) et trois fois plus économe en énergie pour les mêmes fonctionnalités que la génération précédente, l'Argos-Neo intégrera la constellation de 25 nanosatellites Kinéis qui sera lancée fin 2022.
"LE SYSTÈME ARGOS VA SE DÉMOCRATISER"
"Grâce à la connectivité apportée par Kinéis, au coût et à la consommation plus faible, le système Argos va se démocratiser", a déclaré à Reuters Christophe Vassal, président du comité de surveillance de Kinéis et président de CLS. "Jusqu’ici réservée aux institutions et aux élites, cette technologie va devenir accessible au plus grand nombre notamment parce que les émetteurs, miniaturisés, et le service mensuel seront moins chers."
Actuellement, environ 8.000 balises Argos sont utilisées dans le monde pour le suivi d'animaux, 4.000 pour celui des bateaux de pêche et 5.000 équipent des bouées pour des programmes d'océanographie et de climatologie.
"Là où on suivait un renne et quelques bateaux de course, on va pouvoir suivre des troupeaux entiers et équiper tous les plaisanciers qui le souhaitent", prédit Christophe Vassal. "Les 25 satellites de la constellation vont nous permettre de traiter 100 fois plus de balises qu’aujourd’hui pour parvenir à quelque 2 millions d’objets connectés."
Première constellation française et européenne dans le "New Space", Kinéis sera développée à Toulouse par Thales Alenia Space pour la charge utile Argos-Neo et par la société Hemeria pour la plate-forme des satellites.
La levée de fonds va financer la construction des 25 nanosatellites, de 20 stations au sol et de l’infrastructure informatique de pilotage de la constellation, de traitement et de distribution des données.
L’industrialisation des 25 satellites, de 25 kg chacun, devrait démarrer fin février pour un premier tir de lancement de quatre ou cinq satellites au premier semestre 2022. La totalité de la constellation devrait être mise en orbite fin 2022.
Pour sa première année d’existence, Kinéis, qui emploie 25 personnes, a réalisé un chiffre d’affaires de près de 5 millions d’euros.
(Johanna Decorse, édité par Bertrand Boucey)