SAINT-DENIS, La Réunion (Reuters) - François Fillon est arrivé samedi à La Réunion pour trois jours de campagne dans l'île, qui avait massivement voté pour François Hollande en 2012 et où l'affaire des emplois présumés fictifs de sa famille s'est immédiatement invitée dans ses déplacements.
La Réunion "est à la fois un symbole de la grandeur de la France et un résumé de tous les maux qui touchent le pays, en particulier le chômage et l'insécurité", a déclaré le candidat de la droite à l'élection présidentielle, présentant son programme comme un remède pour La Réunion et toute la France.
Peu après son arrivée, une dizaine de manifestants ont perturbé une visite, tapant sur des casseroles et scandant "Fillon, le million !". Plusieurs mouvements de ce type se sont produits depuis les révélations du Canard enchaîné sur des emplois de son épouse, Penelope, et de deux de ses enfants.
Des partisans de l'ancien Premier ministre ont arraché les pancartes des mains des manifestants, avant que des gendarmes ne s'interposent.
Après une messe dimanche à Saint-Paul, dans l'ouest de l'île, puis un pique-nique, François Fillon tiendra un meeting à Saint-Pierre, dans le sud de l'île, lors duquel il doit préciser ses propositions pour l'Outre-mer.
Dans un entretien publié samedi dans Le Quotidien de La Réunion, il dit vouloir développer des zones franches, sous douane, de transformation de produits destinés à l'exportation et abaisser le taux de l'impôt sur les sociétés pour les entreprises des secteurs jugés prioritaires.
Il qualifie par ailleurs d'"abominations" l'esclavage, la colonisation et la traite des êtres humains.
En août, sa phrase sur la colonisation - "non, la France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord" - avait choqué Didier Robert, homme fort de la droite locale et président du Conseil régional.
Didier Robert lui avait alors retiré son soutien et préféré Nicolas Sarkozy au premier tour de la primaire des Républicains.
Le Cran, un collectif représentant des associations noires, a demandé ces derniers jours à François Fillon de s'expliquer sur "ce discours scandaleux, odieux, provocateur et révisionniste".
(Bernard Grollier, édité par Jean-Baptiste Vey)