Les sanctions spectaculaires décidées lundi par l'Union européenne contre l'Iran devraient resserrer l'étau financier occidental visant à convaincre Téhéran d'abandonner son programme nucléaire controversé, selon plusieurs analystes.
Les deux mesures phares de ces nouvelles sanctions, un double embargo sur le pétrole et la banque centrale iranienne, "vont compliquer les choses pour Téhéran mais ne changent pas fondamentalement la situation à laquelle l'Iran est confronté depuis les sanctions financières prises en 2010 par les Occidentaux", estime un analyste économique européen à Téhéran.
L'Australie sera le premier pays à emboîter le pas de l'UE et des Etats-Unis. "Nous allons prendre des mesures similaires", a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères Kevin Rudd. "Nous ne nous contentons pas de soutenir ces mesures, nous allons bien sûr faire la même chose", a-t-il ajouté, après une rencontre avec son homologue britannique William Hague à Londres.
L'Australie est le premier pays à emboîter le pas des 27 pays membres de l'UE et des Etats-Unis qui militent pour une réduction des achats pétroliers à l'Iran.
"Nous allons prendre des mesures similaires", a déclaré M. Rudd, évoquant l'annonce la veille par l'Union européenne d'un embargo pétrolier graduel sans précédent contre l'Iran. "Nous ne nous contentons pas de soutenir ces mesures, nous allons bien sûr faire la même chose", a-t-il ajouté, après une rencontre avec son homologue britannique William Hague.
Téhéran, qui ne vend que 20% de son pétrole à l'Europe, a immédiatement affirmé que l'embargo pétrolier n'aurait aucun effet sur ses exportations de brut alors que la forte demande mondiale lui permet "de vendre son pétrole à n'importe quel pays du monde", ainsi que l'ont souligné plusieurs responsables iraniens.
D'autant que ses principaux clients, la Chine, l'Inde et le Japon, ont fait savoir qu'ils n'avaient pas l'intention de se joindre à l'embargo occidental en dépit des pressions de Washington, ce qui "limite l'impact de la décision européenne", souligne un expert pétrolier occidental.
Téhéran a toutefois lancé un avertissement à l'Arabie saoudite, premier producteur de l'Opep, contre toute augmentation de production visant à compenser le brut iranien vendu à l'Europe, "ce qui est le signe malgré tout d'une certaine nervosité iranienne sur cette question", nuance un diplomate européen.
De même, l'embargo européen sur tous les produits pétroliers ne devrait guère gêner l'Iran, qui est désormais pratiquement autosuffisant dans tous les domaines, y compris pour ses besoins en essence, et est même exportateur de produits pétrochimiques, estiment les experts.
L'impact principal des sanctions occidentales pour assécher les ressources financières de l'Iran et désorganiser son économie est plutôt à attendre du renforcement du blocus bancaire instauré en 2010, selon plusieurs diplomates et analystes économiques à Téhéran.
Ce blocus a non seulement ralenti et renchéri les importations iraniennes, mais il a considérablement compliqué le rapatriement par Téhéran des quelque 100 milliards de dollars que lui ont rapporté ses exportations pétrolières en 2011, créant une pénurie de devises qui a désormais des effets visibles sur l'économie.
Incapable de continuer à soutenir sa monnaie, le rial, fortement surévalué depuis des années, la Banque centrale a supprimé la semaine dernière le marché libre des devises et mis en place deux taux administrés pour les entreprises et les particuliers, créant immédiatement un important marché noir.
"La Banque centrale n'a plus de devises à nous fournir, ce qui perturbe fortement nos importations", constate le représentant de la filiale iranienne d'un grand groupe européen.
"Les nouvelles sanctions occidentales contre la Banque centrale, qui n'a plus d'avoirs en Europe depuis longtemps, vont surtout resserrer encore l'étau financier sur l'Iran", selon un économiste iranien qui souhaite conserver l'anonymat.
"Cela va accroître les risques d'une désorganisation de l'économie, et retreindre encore la capacité d'investissement de l'Iran, déjà fortement entamée, pour développer ses ressources pétrolières et gazières", ajoute-il.