La patronne du FMI Christine Lagarde a appelé jeudi les pays occidentaux à profiter de "l'élan" créé par les banques centrales pour enrayer la crise économique, le jour où les pays du G7 et des Brics ont tenu chacun leur mini-sommet dans la capitale japonaise.
Ouvrant l'assemblée annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, Mme Lagarde s'est une nouvelle fois inquiétée de "l'incertitude" qui pèse sur la reprise et qui a conduit le FMI à abaisser ses prévisions économiques.
"Parvenir à une reprise durable est une tâche de plus en plus complexe", a reconnu lors d'une conférence de presse la directrice générale du Fonds, pointant sans surprise son regard vers la zone euro qui reste, selon elle, l'"épicentre" de la crise.
Au coeur du maelström, la Grèce devrait ainsi pouvoir bénéficier d'un délai supplémentaire de deux ans pour assainir ses comptes publics, a estimé Mme Lagarde à l'heure où de nombreux programmes d'austérité sont en cours en Europe.
"Au lieu d'une réduction frontale et massive (...), il est parfois préférable d'avoir un peu plus de temps", a-t-elle justifié, citant l'exemple du Portugal et de l'Espagne, deux pays ayant bénéficié d'un nouveau délai pour réduire leurs déficits.
Dans son tableau de l'économie du globe, Mme Lagarde a toutefois relevé de "bonnes nouvelles" en provenance des banques centrales --BCE en Europe, Fed aux Etats-Unis, BoJ au Japon-- qui ont envoyé "des signaux positifs" avec leurs nouvelles mesures de soutien (rachat d'obligations, assouplissement monétaire...).
De "bonnes nouvelles" pourtant critiquées par le ministre brésilien des Finances Guido Mantega qui a renouvelé jeudi à Tokyo ses attaques contre la Fed, coupable selon lui de nourrir la "guerre des monnaies" en favorisant la dévaluation du dollar.
"Cela a créé un élan dont il faut profiter parce qu'en soi cela ne sera pas suffisant", a pourtant expliqué Mme Lagarde, appelant les gouvernements à prendre le relais en Europe mais également aux Etats-Unis où la perspective d'une impasse budgétaire se profile d'ici à la fin de l'année.
Le message portera-t-il au-delà du Tokyo International Forum qui accueille la réunion FMI-BM ? A quelques centaines de mètres de ce majestueux bâtiment, les ministres et banquiers centraux des sept pays les plus industrialisés (Etats-Unis, France, Allemagne, Japon, Italie, Canada, Grande-Bretagne) se sont retrouvés jeudi après-midi dans un grand hôtel de Tokyo.
Cette réunion informelle du G7-Finances n'a débouché sur aucun communiqué commun mais le thème des discussions ne faisait pas mystère. "Au G7, nous avons discuté des conditions économiques actuelles et des mouvements sur les marchés financiers", a déclaré à l'issue de la réunion le ministre des Finances japonais Koriki Jojima.
Frappées elles aussi par le ralentissement économique, les principales puissantes émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont elles aussi tenu une réunion informelle dans la capitale japonaise.
"Nous partageons la vision du FMI quand il dit que l'économie ne s'est pas améliorée", a déclaré M. Mantega, à l'issue de cette réunion. Et "nous avons plusieurs inquiétudes", a-t-il ajouté, citant les Etats-Unis et surtout l'Europe où l'incertitude sur le lancement des nouveaux instruments décidés pour faire face à la crise continue à peser.
Lors de sa conférence de presse, la patronne du Fonds a dû un instant s'éloigner des grandes questions économiques pour commenter le petit incident diplomatique survenu à Tokyo.
Deux hauts responsables chinois, le patron de la banque centrale et le ministre des Finances, ont annulé leur venue en plein conflit diplomatique sino-japonais.
Les Chinois "sont perdants en ne participant pas à cette réunion", a estimé Mme Lagarde, tentant un trait d'humour: "Ils vont manquer une réunion formidable parce que Tokyo est au mieux, les couleurs sont belles, les arbres ont les plus belles couleurs que vous puissiez imaginer".