François Hollande et Mario Monti ont confirmé lundi le lancement du projet controversé de liaison ferroviaire à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin, sans toutefois lever l'obstacle de son financement, qui nécessite une importante contribution européenne.
Lors d'un sommet bilatéral dans la capitale des Gaules, les deux dirigeants ont également confirmé leur bonne entente sur les dossiers européens.
"Si je voulais résumer la relation entre la France et l'Italie aujourd'hui, je dirais deux mots: unité dans l'action et convergence dans les positions et les propositions à l'échelle de l'Europe et du monde", a déclaré le chef de l'Etat français à l'issue de ce 30e sommet.
Le président du Conseil italien a lui souligné le caractère emblématique "pour la construction d'une Europe efficace" de cette future ligne qui mettra Paris à 4 heures de Turin (contre 7 actuellement). Il a défendu "un usage à bon escient des ressources européennes" pour faciliter au-delà des deux pays les échanges européens est-ouest.
Il a proposé que le prochain sommet franco-italien se tienne en 2013 à Turin.
Mais les deux dirigeants n'ont pas non plus caché qu'il faudrait "convaincre" les instances européennes pour le financement de ce projet titanesque, dont le montage a été critiqué en France par la Cour des comptes et qui surtout intervient dans une période de forte contrainte budgétaire.
Théoriquement, l'Europe doit financer 40% des 8,5 milliards d'euros que coûtera la construction d'un tunnel transalpin de 57 km, soit 3,4 mds, l'Italie prenant en charge 2,9 milliards et la France 2,2.
Cette "autoroute ferroviaire", combinant fret et trafic voyageurs, dont le projet lancé en 1991 a été maintes fois ajourné, devrait finalement entrer en service en 2028-2029. Selon ses concepteurs, elle devrait à terme supprimer au moins un million de camions par an sur les routes.
Un millier d'opposants à Lyon
Elle est pourtant vivement contestée des deux côtés des Alpes en particulier par les écologistes, qui jugent le projet démesuré par rapport au trafic.
Environ un millier d'opposants, français et italiens, ont d'ailleurs manifesté lundi après-midi dans le centre de Lyon, tenus à distance de la préfecture où se déroulait le sommet. La ministre du Logement Cécile Duflot, ex-dirigeante d'Europe Ecologie-Les Verts, avait jugé dimanche que l'opposition des écologistes était motivée par le contexte économique et non par des objections de principe.
Outre la LGV, l'Italie et la France ont signé cinq autres accords bilatéraux concernant la coopération policière, la défense, l'enseignement supérieur et la recherche ainsi que des modifications concernant le tunnel routier du Fréjus et la convergence de ses tarifs avec ceux du Mont Blanc.
Mais MM. Monti et Hollande ont également réaffirmé leur cohésion sur les grands dossiers européens qui n'a pas faibli depuis le sommet européen de juin pour mettre la croissance au coeur du projet européen.
Ils ont ainsi affiché leur volonté commune de défendre le maintien des budgets de la Politique agricole commune et des politiques de cohésion et de limiter les rabais à certains membres de l'UE comme la Grande-Bretagne et l'Allemagne, dont la France et l'Italie sont les principaux contributeurs
Les deux dirigeants ont également convenu de faire cause commune pour la supervision et l'Union bancaire, au menu du conseil européen des 13-14 décembre.
Sur les sujets internationaux, Paris et Rome ont conjointement souhaité que les nouvelles constructions annoncées vendredi par le gouvernement israélien dans des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ne se fassent pas, M. Hollande précisant toutefois qu'il ne s'agissait pas d'"entrer dans une logique" de "sanctions" mais "dans un travail de conviction" vis-à-vis d'Israël.