Une mesure initiée par le gouvernement et destinée à éviter les black-out électriques lors de surconsommation sur le réseau national est entrée en vigueur samedi, après la publication d'un arrêté au Journal officiel.
"C'est une première, en France, d'un mécanisme qui permet d'éviter les black-out en cas de surconsommation et en même temps de baisser les prix de l'électricité des (groupes) électro-intensifs", a expliqué à l'AFP la ministre de l'Energie, Delphine Batho.
L'arrêté introduit de fait "l'interruptibilité", principe selon lequel le gestionnaire du réseau électrique haute tension national, RTE, "peut, en cas de menace grave et imminente sur la sécurité du réseau, avoir recours aux capacités interruptibles de ses clients, en échange d'une rémunération", explique le ministère de l'Énergie dans un communiqué.
Concrètement, sur la base du volontariat, les grandes industries énergivores s'engagent "à interrompre, à la demande de RTE, leur consommation d'électricité dans les cinq secondes suivant la demande, pour une durée de 15 minutes à une heure".
En contrepartie, elles perçoivent une rémunération prélevée sur les factures des consommateurs qui sera "de l'ordre de quelques dizaines de centimes d'euros par an", précise encore le ministère.
"Pour les sites agréés, la capacité interruptible sera comprise entre 60 MW et 300 MW", ajoute-t-il soulignant que "les acteurs directement intéressés par le dispositif sont notamment des sites de l'industrie de la chimie et de l'aluminium".
"La signature de l'arrêté poursuit deux buts: faire instantanément face à une éventuelle saturation du réseau électrique et, dans le même temps, permettre aux entreprises électro-intensives de valoriser économiquement cette capacité à s'interrompre", indique-t-il encore.
Mme Batho a de son côté précisé que la mesure était "prête depuis longtemps" alors que "la pointe électrique a augmenté de 28% en 10 ans et augmente plus vite que n'a augmenté la consommation d'électricité".
"Donc en heure de pointe, on a besoin, à certains moments de la journée, de diminuer la consommation d'énergie d'un certain nombre de grands consommateurs", a-t-elle ajouté.
La ministre a également fait valoir que Berlin avait déjà pris des mesures pour baisser les factures de ces entreprises. "C'est pourquoi il était question de ne pas laisser se creuser un écart entre la France et l'Allemagne", a-t-elle insisté, soulignant que la question des industries électro-intensives serait "un des sujets de préoccupation" du débat national sur la transition énergétique.