En partie "contre-effet" du bug d'août, le nombre des demandeurs d'emploi sans activité a bondi de 60.000 en septembre pour établir un nouveau record (3,29 millions), mais le gouvernement maintient son objectif d'inverser la courbe en fin d'année, une question de "crédibilité".
Après la baisse spectaculaire (-50.000) mais faussée d'août, le ministre du Travail, Michel Sapin, avait prévenu que les chiffres de septembre, mécaniquement, ne seraient "pas bons".
Une partie des inscrits qui n'avaient pas été relancés le mois dernier par SMS pour leur rappeler d'"actualiser" leur situation se sont en effet réinscrits en septembre.
Mais la hausse enregistrée en septembre (+1,9%) va au-delà. Si "une part" est bien liée au "contre-effet" du "bug SFR", elle "se double d'une augmentation" supplémentaire, reconnaît-on au ministère.
Compte tenu de la "forte volatilité de ces statistiques mensuelles", la "seule analyse sérieuse pour août et septembre consiste à regarder les évolutions sur deux mois pour mesurer la tendance réelle", estime le ministère dans un communiqué.
Entre fin juillet et fin septembre, "la hausse est de +10.000", soit "+5.000 en moyenne par mois", contre "+30.000 par mois" au premier trimestre et "+18.000 au deuxième". "La tendance à l'amélioration observée depuis plusieurs mois" se trouve donc "confirmée", assure le ministère.
Inverser la courbe 'plus que jamais l'objectif'
En incluant l'Outre-mer, Pôle emploi recensait au total fin septembre 5,1 millions d'inscrits, avec ou sans activité réduite, dont 2,1 millions depuis plus d'un an.
"Quantifier précisément" l'effet du bug n'est "pas possible", ont expliqué de leur côté les services statistiques du ministère. Mais selon la Dares, "l'impact haussier" des réinscriptions liées au bug est "a minima de l'ordre de 16.000 à 18.000" sur le nombre d'inscrits avec ou sans activité en métropole.
La hausse a été plus marquée en septembre pour la catégorie des jeunes. En baisse depuis mai, le nombre d'inscrits de moins de 25 ans a augmenté de 3% par rapport à août. Mais depuis mai, leur nombre "a reculé de 0,5% par mois", ce qui fait dire aux services de M. Sapin que "l'inversion de la courbe du chômage des jeunes est bel et bien une réalité depuis 5 mois".
Et de réaffirmer que "plus que jamais, l'objectif reste d'inverser la courbe du chômage à la fin de l'année et de façon durable".
Pour Benoît Hamon, ministre de l'Economie sociale et solidaire, la "crédibilité" du gouvernement est en jeu.
Rappelant que cet engagement de François Hollande avait suscité beaucoup de "scepticisme", il estimait mardi que "si dans deux mois, il n'y a pas l'inversion de la courbe du chômage (...) alors qu'on a tout mobilisé pour cela, la crédibilité de ce gouvernement sera là fondamentalement entamée".
Toutefois, pour le leader de la CGT, Thierry Lepaon, le gouvernement est "loin d'avoir gagné son pari" d'inverser la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année. S'exprimant avant la publication des chiffres de septembre, dans une interview au quotidien Les Echos à paraître vendredi, M. Lepaon estime que "pour inverser la courbe du chômage, il faut mener une vraie politique d’emploi et de relance industrielle".
Le principal instrument du gouvernement pour faire baisser le chômage reste les contrats aidés, en attendant que la reprise de l'activité économique soit assez forte pour créer des emplois.
La durée des contrats subventionnés classiques a été allongée et surtout, plus de 70.000 emplois d'avenir, destinés aux jeunes peu ou pas qualifiés, ont été signés depuis novembre 2012. L'objectif reste 100.000 en fin d'année.