Xavier Niel a de nouveau secoué mardi le secteur des télécoms en annonçant que Free proposait pour les mobiles un accès à la 4G au prix de la 3G , alors que ses concurrents espéraient grâce à cette technologie contrer la baisse généralisée des prix déclenchée par Free Mobile.
Free Mobile, filiale d'Iliad, a ajouté mardi la téléphonie de quatrième génération (4G) à ses forfaits à 19,99 euros/mois ou à 15,99 euros/mois pour les abonnés à sa "box" internet, sans supplément.
"Nous positionnons la 4G à son juste prix", a indiqué à l'AFP le directeur général d'Iliad Maxime Lombardini.
Selon le groupe, cela "divise par cinq le prix proposé sur le marché pour ce type de forfait", c'est-à-dire sans engagement.
C'est un rude coup pour les concurrents, qui espéraient grâce à la 4G contrecarrer la baisse générale des prix déclenchée par l'arrivée de Free Mobile début 2012.
En plus de casser les prix, Free Mobile va donner à ses clients l'accès à un volume de données de 20 gigaoctets quand Orange propose 6 giga maximum, SFR 9 giga et Bouygues Telecom 16 giga.
"Free reste fidèle à sa promesse avec une offre simple, complète et sans engagement au meilleur prix", tout en offrant "toujours plus pour le même prix", a encore souligné M. Lombardini.
L'annonce a fait aussitôt dégringoler les concurrents d'Iliad en Bourse. A la clôture mardi soir, Orange chutait de 3,43%, Bouygues de 3,99% et Vivendi de 3,19%, dans un marché en baisse de 2,65%.
"L'argument de la valeur ajoutée en terme de qualité des opérateurs historiques tombe à l'eau et le patron de Free, Xavier Niel continue sa stratégie de gain de parts de marchés", a commenté Mikaël Jacoby, de la maison de courtage Oddo Securities.
Le marché attendait depuis longtemps l'initiative que prendrait Free, trublion français de l'internet et de la téléphonie mobile, dans la 4G.
Qualité de service à vérifier
La filiale d'Iliad avait entretenu le suspense. Le développement de la 4G sur le marché français "ne va pas aller si vite que ça" et ce ne sera certainement pas "le combat de Noël", avait temporisé en septembre Maxime Lombardini.
Chez Bouygues Telecom, on s'étonne de ce lancement de la 4G alors qu'Iliad demandait la semaine dernière à prendre sa part dans l'accord de mutualisation mobile que préparent Bouygues Telecom et SFR.
"On a du mal à voir quel est le cap de Free", a commenté son secrétaire général, Didier Casas. "C'est un opérateur qui ne paraît plus très bien savoir ce qu'il veut", a-t-il ajouté.
Même si Free Mobile a réussi l'exploit d'atteindre quelques 7,4 millions de clients mobiles en un peu moins de deux ans, sa conquête de nouveaux clients s'était légèrement tassée au troisième trimestre.
Reste le souci de la qualité de service que l'opérateur offrira, alors que Bouygues Telecom, Orange et SFR ont rivalisé de chiffres cet automne pour vanter leur couverture du territoire en 4G.
Free assure qu'il lance son service 4G avec "plus de 700" antennes en 2,6 gigahertz, ce qui rend ses services accessibles dans "plus de 1.000 communes".
Du coup, le patron d'Orange, Stéphane Richard a dénoncé sur RTL un "coup de com'", estimant que Free devait "arrêter de prendre les gens pour des andouilles".
"Le problème c'est que c'est du vent tout ça parce qu'il n'y a pas de couverture…Je vous laisse imaginer la qualité de réception que vous pourrez avoir avec 700 antennes sur l'ensemble du territoire", a-t-il dit.
Selon l'Agence nationale des fréquences (ANFR), au 1er décembre 12.069 sites ont été autorisés pour la 4G, tous opérateurs confondus. Orange comptait 3.879 antennes en service, SFR 1.013, et Bouygues Telecom 5.392, ce qui lui permet de couvrir 63% de la population.
"Il faut faire attention à ne pas abîmer la 4G avec des offres qui seraient déceptives", a réagi Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée de l'économie numérique, à l'AFP, en invitant les consommateurs "à regarder attentivement les cartes de couverture des opérateurs avant de faire leur choix". "Moi, je ne crois pas au Père Noël: une offre c'est non seulement un prix mais c'est aussi une couverture et un débit", a-t-elle ajouté.
Free prévient lui-même que certains facteurs pourraient "impacter la réception du service 4G", notamment le nombre d'utilisateurs connectés simultanément.
Cependant, "si l'offre couvre les grandes villes et a une bonne qualité de service, elle est tellement agressive en terme de prix que cela va fonctionner", avance Mathieu Drida, PDG du site de comparaison Meilleurmobile.com.
En outre, le réseau de Free va croître rapidement avec la mise en place de plusieurs centaines de nouveaux sites 4G "dans les prochaines semaines", assure Iliad.