Les chiffres de Pôle emploi, qui focalisent chaque mois l'attention mais sont parfois décriés pour leurs évolutions inexpliquées, ont obtenu le label "statistique publique", gage de leur fiabilité, selon une décision rendue vendredi par l'Autorité de la statistique publique.
"On va pouvoir assurer au public que les statistiques de Pôle emploi sont bien faites et diffusées selon des normes européennes", a déclaré à l'AFP Paul Champsaur, président de l'organisme public, créé en 2008 afin de contrôler la statistique publique, qui doit répondre aux canons européens.
"Il y a quelques années, elles n'auraient pas été labellisées car leur production était trop opaque, il y a manifestement eu des progrès", a-t-il ajouté.
Les chiffres de Pôle emploi, qui connaissent parfois des évolutions erratiques liées à leur gestion administrative (radiations notamment), sont maniés avec des pincettes par les économistes. Ils peuvent aussi connaître des incidents ponctuels, comme en août 2013 où "le bug SFR" avait fortement amplifié la baisse du nombre d'inscrits, qui avait été compensée le mois suivant.
Avant de décider de cette labellisation, l'Autorité de la statistique publique avait demandé à trois inspections générales (des Finances, de la Statistiques et des études économiques et des Affaires sociales) de mener une enquête. Dans leur rapport, les inspecteurs, qui assurent "avoir fait en sorte d'éviter tout conflit d'intérêt" en se penchant sur le cas de l'opérateur public, constatent "que de nettes améliorations ont eu lieu depuis près de deux ans" et jugent les statistiques de Pôle emploi rigoureuses et indépendantes, dissipant ainsi les soupçons de manipulation politique.
Ils relèvent toutefois que les procédures de gestion administrative "génèrent une variabilité dans le temps et dans l'espace sur les statistiques des flux d'entrées et de sortie d'un mois sur l'autre".
Pour pallier cet écueil, le rapport adressé à l'Autorité de la statistique préconise d'orienter la publication mensuelle "vers un commentaire privilégiant la tendance des derniers mois", en publiant une moyenne sur trois mois.
Il recommande aussi de publier "un avertissement attirant l'attention des lecteurs sur la faible signification de la variation d'un mois sur l'autre, en dessous d'un certain seuil". "Des variations mensuelles inférieures à 25.000 (chômeurs en plus ou en moins, ndlr), ne veulent pas dire grand chose", estime Paul Champsaur.
"Le chômage reste toutefois difficile à mesurer", estime le président de l'Autorité de la statistique. Il rappelle que les chiffres de Pôle emploi n'évaluent pas le chômage selon les normes internationales du Bureau international du travail (BIT), comme le fait l'Insee.
Ces derniers mois, les deux "thermomètres" du chômage, qui ne le mesurent pas selon la même méthode et les mêmes critères, ont révélé des tendances contradictoires.
Pour l'Insee, le chômage s'est stabilisé et a même légèrement décru à la fin de l'année dernière, preuve pour le gouvernement que l'engagement de François Hollande d'inverser la courbe du chômage a été "respecté".
A l'opposé, le nombre des inscrits à Pôle emploi a continué à grimper : 3,34 millions de demandeurs d'emploi sans activité étaient recensés fin février, un record.