Deux offres de reprise globale de l'épicerie de luxe Hédiard, en redressement judiciaire depuis septembre dernier, ont été retenues mercredi par le tribunal de commerce de Paris, qui a mis son jugement en délibéré au 26 juin.
L'une des offres sélectionnées émane du fonds d'investissement helvète Ledunfly de la milliardaire suisse Dona Bertarelli,. Elle affirme vouloir conserver l'ensemble des 134 salariés d'Hédiard et en confier les rênes à Diane Deblyck, ancienne membre du directoire entre 2001 et 2003.
Ledunfly a relevé vendredi, date limite pour le faire, sa proposition qui atteint désormais 12,5 millions d'euros plus 15 millions d'euros d'investissements sur trois ans, dans le cadre d'un plan de cession.
L'autre offre retenue a été émise par groupe autrichien de restauration Do & Co, coté en Bourse et présent dans l'hôtellerie, l'événementiel, le ferroviaire et l'aérien.
Elle se monte à 17 millions d'euros, dont la reprise du passif et six millions d'euros pour rénover la boutique historique de la place de La Madeleine, dans le quartier des grands magasins parisiens.
Ce plan prévoit le maintien de 100 postes, ce qui ne met pas Do & Co en position de force par rapport aux trois points examinés selon leur importance par le tribunal de commerce : la continuité, l'emploi et les créances.
Pour contrer Ledunfly, le groupe autrichien a donc conclu une alliance de dernière minute vendredi avec le propriétaire d'Hédiard, le milliardaire russe Sergueï Pougatchev.
Cet accord ferait intervenir un plan de continuation de l'activité. Il a légalement la prééminence sur un plan de cession et permettrait ainsi à Do & Co de contourner l'offre mieux-disante du fonds suisse.
L'avantage pour M. Pougatchev, qui a apporté plus de 100 millions d'euros dans Hédiard depuis sa prise de contrôle en 2007, serait d'obtenir une porte de sortie financièrement plus avantageuse.
Les avocats de Ledunfly comptent s'appuyer sur plusieurs jurisprudences pour parvenir in fine à prendre le contrôle d'Hédiard. L'entreprise a subi une perte de six millions d'euros en 2013.
La mise en délibéré du jugement jusqu'au 26 juin laisse également la possibilité à d'autres offres globales de reprise de se faire connaître.
Le tribunal a par ailleurs écarté lors de l'audience les autres parties intéressées par une reprise partielle de l'épicerie fine fondée en 1854, parmi lesquelles Dalloyau et Le Duff.