par Thomas Grove et Natalia Zinets
KIEV/DONETSK (Reuters) - Un Mig-29 de l'armée ukrainienne a été abattu dans la nuit par les séparatistes de la région de Louhansk, dans l'Est, et dix civils au moins ont été tués par des tirs d'artillerie et de mortier à Donetsk, autre place forte des miliciens pro-russes, rapportent dimanche les autorités.
Le pilote a pu s'éjecter et a été récupéré sain et sauf, a fait savoir l'armée, selon laquelle de nouveaux armements russes, dont trois lances-missiles Grad, ont passé la frontière ukrainienne au cours des 24 dernières heures.
Dans un enregistrement vidéo diffusé la veille, Alexandre Zakhartchenko, Premier ministre de la République autoproclamée de Donetsk, avait dit attendre l'arrivée imminente de 150 véhicules blindés, dont 30 chars, et de 1.200 combattants formés depuis quatre mois en Russie.
Ses propos ont jeté une ombre sur la rencontre qui doit avoir lieu dans la journée à Berlin entre ministres des Affaires étrangères ukrainien, russe, français et allemand.
Selon un porte-parole de l'armée, les forces gouvernementales ont par ailleurs repris un commissariat de police de Louhansk qui était aux mains des séparatistes depuis avril et y ont hissé les couleurs nationales. La Garde nationale ukrainienne annonce quant à elle la capture d'un cadre militaire des séparatistes de la région et de 13 personnes soupçonnées d'"activité terroriste".
"Les terroristes portent des vêtements civils, ne prennent que leur passeport et cherchent à se faire passer pour des citoyens ordinaires dans les transports publics pour passer les points de contrôle. Parmi ceux qui ont été arrêtés se trouve un commandant du groupe terroriste de Louhansk", dit-elle dans un communiqué.
Lors d'un entretien téléphonique samedi, le président ukrainien, Petro Porochenko, et le vice-président américain, Joe Biden, ont jugé que la livraison d'armes russes aux rebelles "contredit la volonté affichée par Moscou d'améliorer la situation humanitaire dans l'est de l'Ukraine", a indiqué la Maison blanche dans un communiqué. La chancelière allemande Angela Merkel, qui s'est également entretenue avec Petro Porochenko, a tenu des propos similaires.
ACCORD POUR LE CONVOI
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Pavlo Klimkine, a de son côté appelé l'Union européenne et l'Otan à fournir des armes à l'armée pour l'aider à venir à bout de l'insurrection.
"C'est une question cruciale que doivent se poser l'Union européenne et l'Otan: que peuvent-elles faire si une guerre est propagée en Europe par un pays européen (la Russie)", a-t-il dit à la radio allemande Deutschlandfunk, selon des extraits d'une interview qui sera diffusée dimanche.
"Oui, bien sûr, nous avons besoin d'une aide militaire parce que si c'était le cas, nos troupes pourraient agir plus facilement sur le terrain", a ajouté Pavlo Klimkine.
Les forces gouvernementales ont repris ces dernières semaines beaucoup de terrain aux séparatistes, dont plusieurs chefs ont en outre démissionné.
Parlant d'une catastrophe humanitaire, Moscou accuse l'armée ukrainienne, qui encercle Donetsk et Louhansk, de pilonner des zones résidentielles, ce que nie l'état-major. Des tirs d'artillerie auraient encore touché dimanche des immeubles d'habitation à Donetsk, où dix civils ont donc été tués, selon les autorités locales.
Selon le dernier bilan établi dans la semaine par les Nations unies, le conflit a fait 2.086 morts et près de 5.000 blessés.
En ce qui concerne le convoi russe d'aide humanitaire destiné à la population de la région bloqué depuis plusieurs jours à la frontière, les douaniers russes et ukrainiens se sont entendus pour procéder à l'inspection d'un premier groupe de camions, rapporte dimanche le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
L'organisation, qui doit superviser la distribution de cette aide, ajoute qu'elle attend toujours des garanties de sécurité des belligérants pour autoriser le convoi à poursuivre sa route.
(Avec Alessandra Prentice à Kiev, Jason Bush à Moscow, Jean-Philippe Lefief et Tangi Salaün pour le service français, édité par Marc Angrand)