Ce matin, le géant minier australo-britannique Rio Tinto a indiqué qu'il avait été, en juillet, approché par Glencore en vue d'une fusion, mais qu'il avait repoussé cette éventualité en août et que ce projet ne fait plus l'objet de discussions actuellement. Glencore n'a pas encore réagi à cette heure mais de l'avis de la plupart des analystes, les choses que la mégafusion se concrétisent sont faibles. Même si Rio Tinto, décoté, y a retrouvé un intérêt spéculatif.
A la Bourse de Londres ce matin, l'action Glencore reste stable à 339,7 pence quand celle de Rio Tinto prend 5,7% à 3.167 pence.
Après consultation de ses conseils financiers et juridiques, le conseil d'administration de Rio Tinto a conclu à l'unanimité qu'un tel rapprochement n'était pas dans l'intérêt de ses actionnaires, indique un communiqué.
Hier, l'agence Bloomberg indiquait que Glencore avait approché le premier actionnaire de Rio Tinto, Aluminum Corporation of China (également connu sous le nom de Chinalco), groupe lié à l'Etat chinois qui détient 9,8% environ de Rio Tinto.
Ce matin, Glencore capitalise 45 milliards de livres sterlings à la Bourse de Londres, et Rio Tinto 59 milliards. Des chiffres à comparer avec la valorisation d'un autre géant australo-britannique, BHP Billiton (92 milliards de sterlings).
Il est probable qu'Ivan Glasenberg, patron opérationnel de Glencore, souhaitait tirer parti de la faiblesse actuelles des cours du minerai de fer, ressource principale extraite par Rio Tinto.
A cette heure, Glencore n'a pas officiellement réagi à l'anonce de Rio Tinto. Mais aux yeux des spécialistes, il semble peu probable que Glencore insiste après cette fin de non-recevoir.
Exane BNP Paribas estime qu'avec cette opération, Glencore mettrait la main sur d'importantes mines de fer de manière opportuniste, alors que les cours de la matière sont bas. Cette diversification constitue 'une priorité depuis l'introduction en Bourse de Glencore', rappellent les analystes, tout en renforçant des branches Cuivre et Aluminium, et en réduisant le poids relatif de l'endettement, qui est lourd chez Glencore.
Bref, la logique de l'éventuelle opération ne pose pas de problème aux analystes. En retenant un 'deal' financé en titres à hauteur de 70% et une prime de 20%, Exane chiffre les synergies à 1,4 milliard de dollars avant impôts, soit une relution de plus de 12% pour l'action Glencore à l'horizon 2015/2016.
Si, historiquement, Glencore réalise ses acquisitions à bon prix, il les mène aussi suivant de strictes conditions financières et ne se lance pas d'habitude dans des offres hostiles. Autant de facteurs qui, aux yeux d'Exane, limitent l'éventualité d'une concrétisation de l'opération. Sans oublier l'opposition potentielle des grands actionnaires de Glencore (le Qatar, avec 8,9% des parts) et de Rio Tinto (le chinois Chinalco, avec 9,8%).
Credit Suisse verrait lui aussi des avantages à un rapprochement des deux groupes, qui selon les calculs des analystes et en retenant une offre en titres, serait relutif à hauteur de 16% pour Glencore, avec des synergies totales de plus d'un milliard de dollars (dont la moitié pour le charbon thermique). En outre, le portefeuille d'activité de Glencore, très axé sur les métaux non ferreux et le charbon, serait plus diversifié, puisque Rio Tinto est très présent dans le minerai de fer.
'Ensemble, les deux groupes deviendraient le premier groupe minier au monde et seraient présents dans les trois premiers acteurs mondiaux pour le minerai de fer, le cuivre, le zinc et le charbon. Ils seraient aussi dotés d'un portefeuille d'activité très équilibré', indique la note de recherche.
Cependant, les obstacles à une telle mégafusion ne manquent pas, 'tout spécialement à court terme'. Le premier d'entre eux : le type de management (très décentralisé chez Glencore) et la stratégie, 'radicalement opposés', ce qui risquerait d'engendrer un 'choc des cultures'.
En outre, Glencore n'est pas coté sur le marché boursier australien, à la différence de Rio Tinto, dont 25% environ des actionnaires sont australiens.
Resteraient aussi à convaincre les régulateurs. La décision du Foreign Investment Review Board (FIRB), autorité de contrôle des investissements étrangers d'Australie, n'est pas acquise d'avance. Pour l'obtenir, et dans le cas d'une offre amicale, la double cotation de Glencore, à Londres et à Sydney, pourrait constituer un pré-réquis, estime Credit Suisse.
Autres acteurs à convaincre : la Chine, puisque le groupe public chinois Chinalco est le premier actionnaire de Rio Tinto. Comme le rappelle Credit Suisse, le régulateur chinois a récemment contraint Glencore à céder la mine de cuivre péruvienne de Las Bambas, et Rio Tinto à faire de même avec celles de Kennecott Copper, aux Etats-Unis, et d'Escondida Copper au Chili. Et aussi les autorités du Canada, puisqu'Alcan Aluminium est un des grands actifs de Rio Tinto dans ce pays.
En attendant, les analystes estiment que cette tentative poutrait permettre à l'action Rio Tinto de réduire la décote de 20 à 30%, en termes de PER, qu'elle présente relativement à l'ensemble du secteur.
Enfin, les analystes de Citigroup auraient eux aussi trouvé des vertus à l'éventuelle fusion, comme les synergies chiffrées à environ 500 millions de dollars en ne tenant compte que des mines de charbon thermiques. Mais aussi la discipline financière éprouvée de Glencore, vue d'un bon oeil alors que le minerai de fer, activité majoritaire de Rio Tinto, est confronté à un marché baissier.
Etant donné le haut niveau d'endettement de Glencore, l'opération aurait probablement pris la forme d'un échange de titres. 'La grande question aurait été la suivante : à quel prix les actionnaires de Rio Tinto seront-ils d'accord, s'ils le sont un jour ?', se demande Citi, étant donné que le cours du minerai de fer ne devrait guère descendre plus bas, selon les analystes.
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A la Bourse de Londres ce matin, l'action Glencore reste stable à 339,7 pence quand celle de Rio Tinto prend 5,7% à 3.167 pence.
Après consultation de ses conseils financiers et juridiques, le conseil d'administration de Rio Tinto a conclu à l'unanimité qu'un tel rapprochement n'était pas dans l'intérêt de ses actionnaires, indique un communiqué.
Hier, l'agence Bloomberg indiquait que Glencore avait approché le premier actionnaire de Rio Tinto, Aluminum Corporation of China (également connu sous le nom de Chinalco), groupe lié à l'Etat chinois qui détient 9,8% environ de Rio Tinto.
Ce matin, Glencore capitalise 45 milliards de livres sterlings à la Bourse de Londres, et Rio Tinto 59 milliards. Des chiffres à comparer avec la valorisation d'un autre géant australo-britannique, BHP Billiton (92 milliards de sterlings).
Il est probable qu'Ivan Glasenberg, patron opérationnel de Glencore, souhaitait tirer parti de la faiblesse actuelles des cours du minerai de fer, ressource principale extraite par Rio Tinto.
A cette heure, Glencore n'a pas officiellement réagi à l'anonce de Rio Tinto. Mais aux yeux des spécialistes, il semble peu probable que Glencore insiste après cette fin de non-recevoir.
Exane BNP Paribas estime qu'avec cette opération, Glencore mettrait la main sur d'importantes mines de fer de manière opportuniste, alors que les cours de la matière sont bas. Cette diversification constitue 'une priorité depuis l'introduction en Bourse de Glencore', rappellent les analystes, tout en renforçant des branches Cuivre et Aluminium, et en réduisant le poids relatif de l'endettement, qui est lourd chez Glencore.
Bref, la logique de l'éventuelle opération ne pose pas de problème aux analystes. En retenant un 'deal' financé en titres à hauteur de 70% et une prime de 20%, Exane chiffre les synergies à 1,4 milliard de dollars avant impôts, soit une relution de plus de 12% pour l'action Glencore à l'horizon 2015/2016.
Si, historiquement, Glencore réalise ses acquisitions à bon prix, il les mène aussi suivant de strictes conditions financières et ne se lance pas d'habitude dans des offres hostiles. Autant de facteurs qui, aux yeux d'Exane, limitent l'éventualité d'une concrétisation de l'opération. Sans oublier l'opposition potentielle des grands actionnaires de Glencore (le Qatar, avec 8,9% des parts) et de Rio Tinto (le chinois Chinalco, avec 9,8%).
Credit Suisse verrait lui aussi des avantages à un rapprochement des deux groupes, qui selon les calculs des analystes et en retenant une offre en titres, serait relutif à hauteur de 16% pour Glencore, avec des synergies totales de plus d'un milliard de dollars (dont la moitié pour le charbon thermique). En outre, le portefeuille d'activité de Glencore, très axé sur les métaux non ferreux et le charbon, serait plus diversifié, puisque Rio Tinto est très présent dans le minerai de fer.
'Ensemble, les deux groupes deviendraient le premier groupe minier au monde et seraient présents dans les trois premiers acteurs mondiaux pour le minerai de fer, le cuivre, le zinc et le charbon. Ils seraient aussi dotés d'un portefeuille d'activité très équilibré', indique la note de recherche.
Cependant, les obstacles à une telle mégafusion ne manquent pas, 'tout spécialement à court terme'. Le premier d'entre eux : le type de management (très décentralisé chez Glencore) et la stratégie, 'radicalement opposés', ce qui risquerait d'engendrer un 'choc des cultures'.
En outre, Glencore n'est pas coté sur le marché boursier australien, à la différence de Rio Tinto, dont 25% environ des actionnaires sont australiens.
Resteraient aussi à convaincre les régulateurs. La décision du Foreign Investment Review Board (FIRB), autorité de contrôle des investissements étrangers d'Australie, n'est pas acquise d'avance. Pour l'obtenir, et dans le cas d'une offre amicale, la double cotation de Glencore, à Londres et à Sydney, pourrait constituer un pré-réquis, estime Credit Suisse.
Autres acteurs à convaincre : la Chine, puisque le groupe public chinois Chinalco est le premier actionnaire de Rio Tinto. Comme le rappelle Credit Suisse, le régulateur chinois a récemment contraint Glencore à céder la mine de cuivre péruvienne de Las Bambas, et Rio Tinto à faire de même avec celles de Kennecott Copper, aux Etats-Unis, et d'Escondida Copper au Chili. Et aussi les autorités du Canada, puisqu'Alcan Aluminium est un des grands actifs de Rio Tinto dans ce pays.
En attendant, les analystes estiment que cette tentative poutrait permettre à l'action Rio Tinto de réduire la décote de 20 à 30%, en termes de PER, qu'elle présente relativement à l'ensemble du secteur.
Enfin, les analystes de Citigroup auraient eux aussi trouvé des vertus à l'éventuelle fusion, comme les synergies chiffrées à environ 500 millions de dollars en ne tenant compte que des mines de charbon thermiques. Mais aussi la discipline financière éprouvée de Glencore, vue d'un bon oeil alors que le minerai de fer, activité majoritaire de Rio Tinto, est confronté à un marché baissier.
Etant donné le haut niveau d'endettement de Glencore, l'opération aurait probablement pris la forme d'un échange de titres. 'La grande question aurait été la suivante : à quel prix les actionnaires de Rio Tinto seront-ils d'accord, s'ils le sont un jour ?', se demande Citi, étant donné que le cours du minerai de fer ne devrait guère descendre plus bas, selon les analystes.
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