par Gwénaëlle Barzic et Adrian Krajewski
PARIS/VARSOVIE (Reuters) - Le groupe de télévision payante Canal+ pourrait se désengager partiellement de la Pologne, son deuxième marché après la France, en cédant sa participation dans le groupe de télévision local TVN pour laquelle il a reçu plusieurs propositions.
La filiale de Vivendi a annoncé jeudi soir qu'elle "examinait ses options stratégiques" conjointement avec le groupe de médias ITI avec lequel elle détient au total 51% de TVN, l'un des principaux groupes privés de télévision en Pologne.
"Le groupe ITI et le groupe Canal+ ont, ces derniers mois, été approchés par divers investisseurs industriels et financiers qui ont exprimé leur intérêt dans l'acquisition de la participation de contrôle dans TVN, si celle-ci devenait disponible", expliquent les deux sociétés dans un communiqué.
Selon une source au fait du dossier, deux banques ont été mandatées, Bank of America Merrill Lynch et JP Morgan, afin de conduire cette réflexion stratégique pour laquelle aucun calendrier n'a été fixé.
Canal+ avait renforcé sa présence fin 2011 sur le dynamique marché polonais de la télévision via un accord stratégique avec TVN prévoyant entre autres la fusion de leurs chaînes payantes respectives, "Cyfra +" et "n", qui ont donné depuis naissance à "nc +".
Canal+ a par ailleurs pris une participation indirecte d'environ 25% dans TVN, l'un des deux plus grands groupes privés de télévision du pays face à Polsat TV (filiale de Cyfrowy Polsat), avec la possibilité d'exercer une option pour racheter les parts de la holding ITI et monter à 51% du capital.
Cette participation de 25% représente une valeur de 615 millions d'euros, sur la base de la capitalisation boursière du groupe.
"Si la transaction se fait, elle comportera une prime de marché", estime Dominik Niszcz, analyste à Raiffeisen, en rappelant que Vivendi avait déboursé 20 zlotys (4,7 euros) par action pour sa participation dans TVN.
Parmi les repreneurs potentiels, des analystes citent les noms des américains Time Warner et Discovery Communications, de la 21st Century Fox de Rupert Murdoch ou des allemands Bertelsmann et RTL Group.
Dans son communiqué, Canal+ précise qu'elle restera quoi qu'il arrive présente en Pologne via "nc +", dont elle ne compte pas se désengager.
Forte de 2,2 millions d'abonnés, le numéro un de la télévision payante en Pologne en termes de revenus fournit à Canal+, qui en contrôle 51%, l'essentiel de ses revenus dans le pays.
UN MARCHÉ ULTRA CONCURRENTIEL
Le spécialiste de la télévision payante est en revanche prêt à examiner des offres sur sa participation dans TVN face aux incertitudes quant à l'évolution du marché de la télévision polonais marqué par une forte concurrence.
La Pologne compte notamment deux opérateurs de télévision par satellite, trois câblo-opérateurs et le paysage devrait encore s'agrandir avec le lancement à venir dans le pays de la télévision numérique terrestre, sans compter le géant américain Netflix dont la venue dans le pays fait l'objet de spéculations.
"C'est un marché qui n'est pas facile", a souligné la source, qui a cependant précisé que toutes les options étaient ouvertes.
Face aux pressions sur son marché national où il est notamment confronté à la forte concurrence des chaînes gratuites, Canal+ a jusque-là cherché à se développer à l'international, avec une présence outre la Pologne, au Viêtnam et en Afrique francophone.
Cette expansion a soutenu la croissance de ses revenus, avec une hausse de 12,3% au premier semestre de ses activités à l'international qui ont dégagé 623 millions d'euros de chiffre d'affaires à comparer à une contraction de 2,7% pour l'activité de télévision payante en France métropolitaine (1,7 milliard d'euros).
La chaîne cryptée fait l'objet de toutes les attentions de sa maison mère Vivendi qui veut développer ses activités dans les médias et les contenus dans le cadre du recentrage de ses activités.
Le groupe désormais piloté par Vincent Bolloré pourrait procéder à des acquisitions en vue de muscler les activités du groupe de télévision, notamment dans de nouvelles géographies, ont dit précédemment plusieurs sources à Reuters.
(Edité par Jean-Michel Bélot)