par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Vivarte, géant français de l'habillement et de la chaussure, a signé mercredi sa restructuration financière, passant sous le contrôle de ses fonds créanciers qui devraient dans les prochains jours remplacer son PDG Marc Lelandais.
Le groupe qui détient Naf Naf, Kookaï, André, Minelli, Chevignon ou encore La Halle aux vêtements et qui comptait parmi les plus gros LBO (rachat avec effet de levier) européens, avait bouclé fin juillet un accord de restructuration se soldant par un effacement de dette de 2,0 milliards d'euros et par une conversion de dette en capital.
Vivarte bénéficie aussi d'un nouveau financement de 500 millions d'euros de la part de ses nouveaux actionnaires.
Avec la signature du "closing", plus d'une centaine de fonds deviennent propriétaires du groupe, Oaktree, Alcentra, GoldenTree et Babson comptant parmi ses principaux actionnaires.
"Désormais largement désendetté, avec une structure de bilan assainie et une réduction du nombre de ses créanciers, passé de 160 à 113, le groupe retrouve les moyens financiers de son développement et de sa transformation stratégique", déclare Vivarte dans un communiqué.
Un nouveau conseil d'administration sera constitué dans les jours qui viennent. Sur neuf membres, six représenteront les fonds, tandis que le PDG du groupe, fragilisé par de mauvaises performances, devrait être remplacé.
"Marc Lelandais va partir avec la signature du 'closing'", a-t-on déclaré à Reuters de sources proches du dossier.
Il devrait être remplacé par le directeur général délégué Richard Simonin, nommé fin septembre avec le soutien des fonds, a indiqué une des deux sources.
Interrogés, Vivarte comme ses actionnaires de référence se sont refusés à tout commentaire sur ce départ.
Le PDG de Vivarte, arrivé en 2012 à la tête de Vivarte après avoir dirigé Lancel (marque du groupe suisse Richemont que ce dernier tente aujourd'hui de remettre en selle) a engagé une stratégie de relance qui n'a pas enrayé la forte dégradation des résultats du groupe.
DÉGRADATION DES RÉSULTATS
Les ventes ont poursuivi leur baisse, tandis que les résultats ont fondu, principalement plombés par La Halle, ancienne pépite du groupe que Marc Lelandais a voulu relancer, aux prix d'investissements coûteux, en en faisant un grand magasin des deuxièmes lignes des marques du groupe.
L'Ebitda (excédent brut d'exploitation), qui était de 480 millions d'euros à la fin août 2011, est tombé à 327 millions deux ans plus tard, avec un recul de 71 millions pour La Halle. Le taux de rentabilité de l'enseigne est quant à lui passé de 12% en 2011 à seulement 2,6% en 2013.
A la fin de l'exercice écoulé, clos le 31 août 2014, l'Ebitda avoisinerait seulement 175 millions d'euros.
Les syndicats affichent quant à eux leur inquiétude pour l'avenir du groupe qui emploie près de 20.000 personnes en France et dont ils craignent un démantèlement progressif.
"Nous ne nous faisons aucune illusion sur les intentions des repreneurs qui sont des financiers et non des industriels", a déclaré à Reuters Jean-Louis Alfred, délégué syndical central CFDT.
Il dit anticiper une restructuration massive de La Halle, avec de nombreuses fermetures à la clé, ainsi qu'une possible vente de certaines enseignes bénéficiaires comme Caroll ou Minelli.
La dette de Vivarte avait été contractée par le fonds Charterhouse pour le rachat de l'entreprise en 2007, avant l'éclatement de la crise financière.
Face à la dégradation de la conjoncture et la concurrence accrue des géants de la mode à bas prix comme Kiabi (famille Mulliez) ou des acteurs internet, la parade n'a pas été trouvée.
(Avec Matthieu Protard, édité par Dominique Rodriguez)