Le président russe Vladimir Poutine a appelé samedi l'Ukraine qui cherche à se rapprocher de l'Europe à une intégration économique avec la Russie, soulignant les liens spirituels entre ces deux pays orthodoxes en marge de célébrations religieuses à Kiev.
Le chef de l'Etat russe qui a entamé une visite de deux jours en Ukraine pour célébrer le 1.025e anniversaire de l'introduction du christianisme dans la Russie kiévienne a célébré "une unité spirituelle solide" qui sert de "base à l'amitié russo-ukrainienne".
"Nous sommes tous des héritiers spirituels de ce qui s'est passé ici il y a 1.025 ans (...) En ce sens, nous sommes un peuple uni", a-t-il déclaré, évoquant le baptême par le prince Vladimir en 988 de la Russie kiévienne, premier Etat des Slaves de l'Est qui se diviseront par la suite en Russes, Ukrainiens et Biélorusses.
Les festivités religieuses auxquelles participent également les présidents serbe Tomislav Nikolic et moldave Nicolae Timofti se déroulent avant un sommet à Vilnius en novembre qui pourrait voir la signature d'un accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne.
"Nous allons respecter tout choix du peuple ukrainien" concernant l'intégration aux structures post-soviétiques, dominées par Moscou, a souligné M. Poutine, ajoutant que, réunies, les économies des deux pays seraient plus compétitives.
"Aujourd'hui, nous assistons à une très forte concurrence sur les marchés mondiaux. Ce n'est qu'en unissant nos efforts que nous pourrons devenir compétitifs et gagner dans cette lutte acharnée", a estimé le président russe.
"Nous pouvons et nous devons le faire", a-t-il ajouté.
"Nous avons beaucoup d'intérêts communs qui peuvent créer des conditions favorables au développement de nos économies", a pour sa part souligné le président Viktor Ianoukovitch.
Moscou pousse depuis plusieurs années l'Ukraine à délaisser son orientation européenne pour se tourner vers l'Est et invite ce pays à s'intégrer à une union douanière composée pour l'instant de la Russie, du Kazakhstan et du Bélarus.
Ex-république soviétique aux portes de l'Europe, l'Ukraine est tiraillée depuis son indépendance en 1991 entre la Russie et l'Occident.
Depuis qu'il est arrivé à la tête de l'Ukraine, en 2010, le président Viktor Ianoukovitch cherche à nouer des liens plus forts avec l'UE tout en tentant de rester en bons termes avec la Russie.
Les relations entre Kiev et l'Union européenne se sont nettement dégradées depuis l'incarcération en 2011 de l'ex-Premier ministre et opposante Ioulia Timochenko, dénoncée par l'UE qui soupçonne une persécution politique.
La signature d'un accord d'association entre l'Union européenne et l'Ukraine est sans cesse repoussée en raison de l'affaire Timochenko.
Condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir, candidate malheureuse à la présidentielle contre M. Ianoukovitch, cette femme politique est aussi jugée pour fraude fiscale et inculpée de complicité dans l'assassinat d'un député en 1996.
Mme Timochenko a appelé samedi les Ukrainiens à "chérir" leur indépendance et le choix "fait il y a plus de 1.000 ans de faire partie de la civilisation européenne".
"Cela a été un choix d'une importance colossale qui n'a rien à voir avec l'agitation politique actuelle, des rituels protocolaires futiles et les tentatives de faire renaître de fausses unions", a-t-elle estimé dans une déclaration disponible sur le site de son parti.
M. Poutine, accompagné par le patriarche de Moscou et de toutes les Russies Kirill a participé avec M. Ianoukovitch dans la matinée à un service religieux dans le centre de Kiev.
Une centaines de militants nationalistes ukrainiens ont manifesté non loin du lieu de la prière, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Quand Kiev fut baptisée, Moscou n'existait pas encore", "Provinciaux Poutine et Goundiaïev (nom de famille du patriarche russe Kirill, ndlr), bienvenus dans la capitale de la Russie kiévienne" ou "n'entraînez pas l'Ukraine dans l'union douanière".