C'est en principe la dernière ligne droite: syndicats et patronat tentent jeudi de trouver un accord sur les nouvelles règles d'indemnisation des chômeurs. Voici un tour d'horizon de ce qui pourrait changer pour les 2,2 millions de demandeurs d'emplois concernés, à l'issue de ces négociations.
- LES INTERMITTENTS DU SPECTACLE: c'est sans conteste le sujet le plus sensible et le plus médiatique de cette négociation. Le Medef réclamait au départ la suppression du régime plus favorable -mais déficitaire - dont bénéficient actuellement 112.000 intermittents et son alignement sur le régime général. Mais il semble avoir un peu assoupli sa position, parlant désormais de "premières mesures applicables tout de suite", à "compléter" par de nouvelles discussions". Les syndicats, hostiles à sa suppression, sont partisans d'une concertation tripartite avec l'Etat sur cette question épineuse, plus tard dans l'année. Les intermittents vont à nouveau manifester jeudi pour maintenir la pression sur les négociateurs.
- LES INTERIMAIRES: leur régime spécifique d'indemnisation, dont bénéficient actuellement 366.000 personnes, est également dans la ligne de mire du patronat, au nom de l'"équité" entre les chômeurs et de la réduction des déficits de l'assurance chômage (4 milliards d'euros de "trou" fin 2013). Mais certains syndicats, comme la CFDT, sont visiblement prêts à des évolutions, du fait de la mise en oeuvre "des droits rechargeables" qui aurait pour effet de faire bénéficier tous les chômeurs des mêmes conditions que les intérimaires. Les intérimaires sont vent debout, estimant que leurs revenus seraient "amputés de 20%".
- LES "DROITS RECHARGEABLES": ce dispositif permettra aux demandeurs d'emploi qui reprennent un travail avant d'avoir épuisé leurs droits au chômage de les cumuler avec ceux dont ils bénéficieront s'ils se retrouvent de nouveau sans emploi. Le principe est déjà acté depuis 2013. Les partenaires sociaux doivent maintenant les mettre en musique. Coût: entre 320 et 880 millions d'euros, selon les simulations. Le patronat, qui a fait de l'assainissement de la situation financière de l'Unedic la pierre angulaire de ces négociations, veut que ce coût soit compensé par des économies sur d'autres postes.
- LES SENIORS: pour trouver de nouvelles recettes, un consensus sembler se dégager sur l'idée de faire cotiser à l'assurance chômage les salariés de plus de 65 ans, jusqu'ici exonérés. Autre piste sérieusement envisagée: repousser de 50 à 52 ans l'âge à partir duquel les seniors peuvent bénéficier de conditions d'indemnisation plus favorables (36 mois maximum au lieu de 24 notamment).
- LES SALARIES TOUCHANT UN GROS CHEQUE DE DEPART: le Medef et la CFDT seraient partisans d'augmenter le délai (actuellement de 75 jours maximum) pendant lequel les salariés ayant touché d'importantes indemnités (en plus de celles prévues par la loi) après un licenciement ou une rupture conventionnelle, ne peuvent toucher d'allocations chômage. Mais leur approche diffère sur la nouvelle formule pour calculer ce "délai de carence". La CFDT y voit aussi un moyen de limiter les recours abusifs aux ruptures conventionnelles, qui font office de préretraites pour les seniors dans certaines sociétés. Mais cette idée est loin de faire l'unanimité.
- LA MODULATION DES ALLOCATIONS: le patronat a proposé de moduler les allocations chômage en fonction de la conjoncture économique, mais cette proposition a peu de chances de voir le jour, les syndicats ne voulant pas entendre parler d'une diminution des droits des chômeurs. Actuellement, un chômeur peut être indemnisé à partir de 4 mois de travail, selon la règle "un jour travaillé, un jour indemnisé".