Airbus a annoncé à la veille du Bourget près de deux ans de retard sur deux des trois versions de son futur long-courrier A350, une nouvelle qu'il juge toutefois positive puisque l'avionneur européen souhaite apporter des améliorations à ces appareils sur demande de ses clients.
Après les déboires du lancement de l'A380 et de l'A400M, Airbus a donc de nouveau du retard sur un de ses programmes. Mais cette fois-ci, c'est pour que ses appareils soient plus performants, argumente l'avionneur.
L'A350 XWB est un biréacteur long-courrier développé avec une majorité de matériaux composites plus légers, destiné à concurrencer les Boeing 777 et le nouveau 787 "Dreamliner".
Il est décliné en trois versions. Sur l'A350-900, aucun changement: le premier appareil sera toujours livré fin 2013.
En revanche, concernant la version plus courte A350-800, "nous avons décidé de repousser la première livraison de 2014 à la mi-2016", a annoncé Fabrice Brégier, le directeur général délégué d'Airbus, lors du séminaire de presse d'EADS, la maison-mère d'Airbus, organisé avant le salon du Bourget.
De même, la version allongée A350-1000 sera livrée mi-2017 et non en 2015. L'avionneur veut prendre le temps de l'équiper de nouveaux moteurs plus puissants en collaboration avec le britannique Rolls-Royce, augmentant ainsi son rayon d'action.
Rolls-Royce est l'unique motoriste des futurs Airbus A350 avec son Trent XWB.
L'annonce ne constitue pas une véritable surprise car des compagnies clientes avaient déjà laissé entendre qu'il y aurait des changements sur ces appareils. Airbus a d'ailleurs reconnu avoir pris cette décision il y a trois semaines.
Et pour l'avionneur, il ne faut surtout pas y voir de mauvaises nouvelles. "On va avoir un meilleur A350-1000, que les clients ont demandé", a souligné M. Brégier.
Son directeur commercial, John Leahy, qui est en contact permanent avec les compagnies aériennes ajoute: "si vous demandez des améliorations, vous devez vous attendre à des retards".
Le nouvel A350-1000 aura donc une capacité de transport de 4,5 tonnes supplémentaires et un rayon d'action plus grand, lui permettant de concurrencer plus frontalement le 777-300ER de l'américain Boeing.
Ces retards toucheront surtout des compagnies du Golfe, principales clientes de l'A350-1000.
Au total, 574 A350 ont déjà été commandés, pour la plupart des A350-900. Pour les A350-1000, l'avionneur enregistre seulement 75 commandes.
Le défi reste encore de taille pour l'avionneur. "L'A350 est le plus important programme du moment", a reconnu Louis Gallois, président exécutif d'EADS.
En interne aussi, le succès de ce programme est crucial, surtout pour le Français Fabrice Brégier, pressenti pour prendre l'an prochain les commandes d'Airbus à la place de l'Allemand Thomas Enders. Car M. Brégier est en première ligne dans le développement de l'avion.
Mais Louis Gallois lui a donné quitus: "Ce programme est géré de façon remarquable. C'est le programme le mieux géré par Airbus".
Après cette mise au point, Airbus rentrera lundi dans le vif du sujet avec l'ouverture du salon du Bourget, grand-messe mondiale de l'aéronautique. L'avionneur devrait enregistrer un grand nombre de commandes sur fond de reprise économique, après un salon atone en 2009.
Jeudi, avant même l'ouverture du salon, Airbus avait déjà enregistré deux commandes pour plus d'une centaine d'appareils avec les compagnies aériennes à bas prix Cebu Pacific (Philippines) et GoAir (Inde).
"On discute d'une commande importante avec AirAsia" mais le contrat avec la compagnie malaisienne à bas coûts n'est pas encore finalisé, a indiqué M. Brégier à l'AFP. AirAsia envisage d'acheter jusqu'à 200 A320 Neo remotorisés.