Le gouvernement français a présenté mercredi un projet de budget pour 2015 marqué par l'endiguement plus laborieux que prévu des déficits, malgré l'effort d'économies sur les dépenses, mais il espère une baisse plus marquée les années suivantes.
Le projet de loi de finances (PLF), présenté lors d'une conférence de presse avant son examen en conseil des ministres, prévoit l'an prochain un léger reflux du déficit budgétaire, à 4,3% du Produit intérieur brut (PIB) après 4,4% cette année. Il devrait ensuite se réduire à 3,8% puis 2,8% les années suivantes.
"Le rythme de réduction des déficits est adapté à la situation" de croissance poussive et d'inflation très faible en France et dans toute la zone euro, explique le gouvernement dans le dossier de présentation à la presse du projet de budget. En conséquence, "il ne sera pas demandé d'efforts supplémentaires aux Français. Car si le gouvernement assume le sérieux budgétaire pour redresser le pays, il se refuse à l'austérité".
Le gouvernement confirme cependant son objectif de réaliser 21 milliards d'euros d'économies cette année, et 50 milliards sur trois ans: alors que la "progression spontanée" de la dépense publique est de 1,7% par an, elle sera ramenée à 0,2% par an, grâce aux efforts de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale.
L'Etat et ses agents réaliseront à eux seuls 7,7 milliards d'euros d'économies, soit un peu plus que prévu (initialement le gouvernement avait annoncé 7 milliards de réduction des dépenses).
Le poids des dépenses publiques dans le PIB devrait ainsi passer de 56,5% cette année à 56,1% en 2015.
Côté prélèvements obligatoires, la baisse est beaucoup plus limitée, à 44,6% après 44,7% cette année, malgré le geste annoncé sur le barême de l'impôt sur le revenu, qui coûtera 3,2 milliards d'euros à l'Etat.
L'augmentation de 2 centimes par litres de la taxe sur le diesel a notamment été confirmée, pour financer les "dépenses de mobilité des contrats de plan Etat régions".
L'abandon de l'écotaxe, qui doit être remplacée par un péage de transit poids lourds, avait en effet entraîné un problème de financement des infrastructures de transports.
Le gouvernement a aussi prévenu que sa promesse de ramener son déficit structurel à zéro ou presque dès 2017 ne tenait plus et que ce solde très important pour Bruxelles diminuerait plus lentement, atteignant 0,4% du PIB en 2019.
Conséquence: la dette publique devrait culminer en 2016 à 98% du PIB, avant d'entamer un repli.
Le gouvernement table d'ici là sur une accélération progressive de la croissance et de l'inflation en France.
La croissance, attendue à seulement 0,4% cette année, devrait accélérer à 1% en 2015, 1,7% en 2016, 1,9% en 2017 puis 2% lors des deux années suivantes. L'inflation, dont la faiblesse suscite des inquiétudes dans toute la zone euro, devrait elle passer graduellement de 0,5% en 2014 à 1,8% en 2019, en passant par 0,9% en 2015 (hors tabac), selon les prévisions gouvernementales.