LinkedIn, Viadeo, Facebook (O:FB) ...Le recrutement par les réseaux sociaux se fait une place sur le marché du travail, en complément des offres d'emploi classiques, mais le phénomène concerne essentiellement les grandes entreprises, les startups et les cadres.
Responsable de marque dans une enseigne de luxe, Alessandra Sonsini a toujours utilisé les réseaux sociaux dans ses recherches d'emploi. En 2011, elle a trouvé son premier boulot grâce à LinkedIn, le premier réseau professionnel mondial qui revendique plus de 400 millions d'inscrits.
"J'ai contacté le directeur de Louis Vuitton à Londres, qui m'a reçue et a transféré mon CV aux ressources humaines. Peu de temps après, ils m'ont proposé un poste", raconte la jeune femme de 27 ans. "Sans LinkedIn, je n'aurais même pas connu son existence."
Le même réseau a permis à Ouissem Zehou, 31 ans, de décrocher son poste de chef de produit marketing dans un grand groupe de matériaux de construction. "J'ai contacté un ancien de mon école d'ingénieur pour me renseigner sur son poste. Quand on s'est rencontré, il venait de devenir manager et son ancien poste était libre".
Mais ces exemples restent minoritaires.
- Immense CVthèque -
En 2013, seulement un petit tiers (30%) des chercheurs d'emploi se servaient des réseaux sociaux, selon une étude de l'Insee. Cette pratique concerne surtout "les plus jeunes" (35% des 20-24 ans) et "les plus diplômés" (45% des titulaires de licences ou supérieur).
Les autres se privent d'un important gisement d'emplois, car LinkedIn et Viadeo permettent d'accéder au marché caché, qui représente les trois quarts des recrutements", selon Annick Chaudat, conseillère Pôle emploi à Dole (Jura) qui anime un atelier sur les réseaux sociaux.
"C'est vrai qu'on y trouve plutôt des cadres", observe Odile Bonhomme, du groupe Etam. "Quand on s'est lancé dans les cosmétiques, on a commencé à y chercher des vendeuses, des maquilleuses... mais on s'est vite rendu compte que cette frange de population était beaucoup moins réactive."
Sur les fonctions marketing, achats, directeur de région ou encore chef de produit, Etam pourvoit "un poste sur deux" en démarchant les candidats directement sur les réseaux sociaux, contre "10 à 15% des postes en magasin", témoigne Mme Bonhomme.
Mais là encore, Etam fait figure d'exception.
Selon l'Insee, les réseaux sociaux sont surtout investis par les grandes entreprises: 24% des plus de 250 salariés, contre 9% des 20 à 249 salariés et 5% des 10 à 19 salariés.
C’est dans l’information et la communication que cette pratique est la plus répandue (32%), contrairement aux sociétés de l’industrie, de la construction et des transports (3%).
- "Faux pas" virtuels -
Egalement en pointe: les startups. Début 2015, la TPE toulousaine mountNpass, spécialisée dans les services numériques aux cyclistes, a trouvé son directeur technique sur Facebook. "J'y ai posté mon offre, un copain d'enfance l'a partagée, et j'ai fini par m'associer avec l'un de ses amis", raconte son dirigeant Frédéric Blavoux, 42 ans.
Selon lui, "Pôle emploi n'est pas adapté aux métiers high-tech".
Pôle emploi a, en revanche, un rôle à jouer pour initier les chômeurs aux codes d'internet. L'opérateur a développé l'application "B.A.-BA Réseaux Pro", proposée sur sa plateforme numérique Emploi Store. Objectif: prémunir les demandeurs d'emploi de tout "faux pas" virtuel.
Règle numéro 1: ne pas publier n'importe quoi. "Il faut comprendre que, sur internet, il n'y a plus de vie privée. Les recruteurs peuvent tomber sur tout ce qui est posté", explique Mme Chaudat, qui a participé à la conception de l'application.
Règle numéro 2: "veiller à sa e-réputation", ou réputation en ligne. "Il ne faut pas hésiter à taper son nom sur Google (O:GOOGL) pour voir ce qui sort", conseille-t-elle.
Elle cite l'exemple d'une demandeuse d'emploi dont la e-réputation était entachée par une condamnation judiciaire. "Elle a obtenu gain de cause, un article qui en parlait a été supprimé au nom du droit à l'oubli."