Le Fonds monétaire international et l'Union européenne ont donné lundi un feu vert de principe au déblocage de nouvelles tranches d'aide à la Roumanie, pays qui restera en récession en 2010, à condition que Bucarest mette en application rapidement une série de réformes.
Si une réunion de dernière minute avec le président et le Premier ministre roumains Emil Boc dimanche soir avait fait naître des spéculations sur une possible interruption de l'accord avec le FMI, le chef de la mission d'évaluation du Fonds, Jeffrey Franks, a rassuré lundi.
"Nous sommes arrivés à un accord au niveau des experts. Dès que les conditions requises seront remplies, nous pourrons demander au conseil d'administration d'approuver le versement d'une nouvelle tranche" d'un montant d'environ 900 millions d'euros, a déclaré M. Franks lors d'une conférence de presse à Bucarest.
Les autorités roumaines devront toutefois s'assurer qu'un certain nombre de réformes soient mises en application d'ici la fin décembre si elles veulent effectivement toucher cette somme aux alentours de mi-janvier, a insisté M. Franks.
Parmi les conditions mentionnées, figurent l'adoption définitive d'une réforme des retraites, actuellement en discussion au Parlement, ainsi que l'harmonisation de la grille des salaires dans le secteur public.
Une ordonnance du gouvernement réglementant les conditions des crédits à la consommation devra aussi "permettre de respecter un équilibre entre la protection des consommateurs et les banques".
"C'est au Parlement de faire son boulot en adoptant les réformes attendues", a estimé l'économiste en chef de la banque ING en Roumanie Nicolae Chidesciuc.
"La Roumanie a besoin de cet accord avec le FMI car elle n'arrive pas à mener les réformes toute seule", a-t-il ajouté.
La Commission européenne qui cofinance, avec la Banque mondiale et le FMI un prêt global et pluriannuel de 20 milliards d'euros accordé au printemps 2009 à Bucarest pour faire face aux effets d'une sévère récession économique, a aussi donné un feu vert sous conditions.
"Si les mesures prises en accord avec les autorités sont appliquées, les conditions pour le versement d'une tranche d'aide de 1,2 milliard d'euros seront remplies", a déclaré le représentant de la Commission Istvan Szekely.
Les bailleurs de fonds internationaux ont estimé que le gouvernement roumain a globalement tenu ses engagements pour réduire le déficit public à 6,8% du Produit intérieur brut en 2010 contre 7,1% en 2009.
"Le gouvernement est en voie de respecter son objectif de déficit public pour 2010", a souligné M. Franks.
Depuis cet été, le gouvernement a amputé les salaires des fonctionnaires de 25% et la TVA est passée de 19% à 24%. De nombreuses suppressions de postes ont également été décidées dans le secteur public.
Des dizaines de milliers de Roumains ont manifesté le 27 octobre à Bucarest contre le plan d'austérité du gouvernement.
Mais pour le FMI, la rigueur devra être maintenue pour arriver à un déficit budgétaire de 4,4% en 2011, condition expresse à la poursuite du versement des nouvelles tranches du prêt d'urgence.
D'autant que si un retour à la croissance est prévu en 2011, il sera timide, aux alentours de 1,5%.
La Roumanie a subi une des pires récessions de l'UE en 2009 (-7,1%) et devrait voir son économie se contracter une nouvelle fois en 2010 (-2%) selon le FMI.