PARIS (Reuters) - Après s'être portée partie civile, l'UMP réclame 28 millions d'euros à Bygmalion, jugeant avoir été victime de la société de communication au coeur des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012.
"Nous allons à la fois devant le juge commercial et devant le juge pénal défendre nos intérêts", a déclaré sur BFM TV son trésorier Daniel Fasquelle, confirmant le chiffre de 28 millions d'euros cité par l'hebdomadaire l'Express.
"Il est normal que l'UMP récupère l'argent qu'elle a versé en contrepartie de prestations fictives", a-t-il ajouté, rappelant que le parti aujourd'hui dirigé par Nicolas Sarkozy s'était porté partie civile en juillet dernier.
L'avocat de Bygmalion avait accusé l'UMP d'avoir "imposé" des factures litigieuses pour masquer des dépassements de frais lors de la campagne présidentielle de 2012.
Selon lui, le parti a ainsi demandé à Bygmalion et sa filiale Event & Cie de lui faire régler certains meetings de la campagne de 2012 au prétexte de conventions souvent fictives.
Selon l'Express, la décision de l'UMP peut paraître d'autant plus surprenante que "l'UMP est elle-même directement visée par l'instruction ouverte en juillet pour 'faux et usage de faux', 'abus de confiance' et 'tentative d'escroquerie'."
Trois anciens cadres de l'UMP et trois anciens cadres de la société Bygmalion ont été mis en examen dans ce dossier.
Une autre enquête, ouverte début octobre par le parquet de Paris, concerne le paiement par l'UMP des pénalités infligées à Nicolas Sarkozy pour dépassement de ses comptes de campagne en 2012. Elle est ouverte des chefs d'abus de confiance, complicité et recel de ces délits.
A la fois victime et auteur présumé de l'infraction, l'UMP se retrouve dans une situation pour le moins inconfortable. Sa démarche vient en tout cas alourdir un peu plus le passif déclaré d'Event & Cie, la filiale de Bygmalion, qui a organisé en 2012 les meetings du candidat aujourd'hui visés par la justice. Il s'élèverait au total à environ 50 millions d'euros.
(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)