par John O'Donnell
FRANCFORT (Reuters) - Certaines des grandes banques grecques devront être fermées et reprises par des concurrents plus solides dans le cadre d'une nécessaire restructuration du secteur quelle que soit l'issue des négociations en cours entre Athènes et ses créanciers, ont dit à Reuters des représentants des autorités européennes.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro et de l'Union européenne se réuniront en sommet dimanche pour tenter de parvenir à un accord présenté comme celui de la dernière chance pour éviter une sortie de la Grèce de la zone euro.
Mais, quelle que soit l'issue des négociations, certaines banques grecques, ébranlées par les turbulences politiques et économiques que traverse le pays, risque d'être fermées et d'être fusionnées avec des concurrents plus solides, ont déclaré des représentants des autorités européennes, qui ont requis l'anonymat.
L'un d'entre eux a dit que sur les quatre grandes banques grecques, Banque nationale de Grèce, Eurobank, Banque du Pirée et Alpha Bank, il pourrait n'en rester que deux, une telle restructuration risquant de susciter une vive résistance d'Athènes en raison de ses effets sur l'emploi.
Sans remettre en cause la nécessité d'une consolidation du secteur, une autre source a estimé qu'elle pourrait se faire sur la durée.
"L'économie grecque est en ruine. Cela signifie que les banques ont besoin de repartir de zéro", a dit la première source ajoutant qu'une action rapide serait nécessaire en cas d'accord entre Athènes et la zone euro.
"Chypre pourrait servir de modèle", a ajouté cette source. Le plan de renflouement de Chypre s'est accompagné de la fermeture de l'une des deux principales banques du pays.
LIQUIDITÉ ET SOLVABILITÉ
Le système bancaire grec a été confronté à une fuite de plus en plus accélérée des dépôts au fur et à mesure de la montée des tensions dans les négociations entre le gouvernement de la gauche radicale du Premier ministre Alexis Tsipras et les créanciers du pays.
Après le défaut d'Athènes sur un remboursement de 1,6 milliard d'euros dû au Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne a gelé le montant des liquidités d'urgence accessibles aux banques grecques, précipitant leur fermeture temporaire et l'instauration d'un plafond de retrait journalier à 60 euros dans les distributeurs de billets.
Le rejet par référendum des propositions des créanciers internationaux a entraîné le maintien du gel des fonds d'urgence de la BCE, ce qui menace les banques d'une crise de liquidités.
Il y a un an, les banques grecques semblaient prêtes pour un nouveau départ. Elles avaient été restructurées dans le cadre du renflouement du pays, avaient levé des fonds propres auprès des investisseurs internationaux et retrouvé un accès aux marchés pour se financer.
Toutefois, trois des principaux établissements du pays - Banque nationale de Grèce, Eurobank et Banque du Pirée -- n'avaient pas réussi les tests de résistance conduits par la BCE l'année dernière, leurs plans de restructuration alors en cours n'ayant pas été pris en compte. Seule Alpha Bank avait pleinement réussi les tests.
Même une fois les problèmes de liquidités résolus, une restructuration du secteur nécessitera une rapide recapitalisation des banques les plus solides, la montée des créances douteuses et leur exposition à la dette publique grecque menaçant leur solvabilité.
D'éventuelles fermetures devront être décidées par les autorités grecques sous la supervision de la Banque centrale européenne.
(Marc Joanny, édité par Wilfrid Exbrayat)