par Norihiko Shirouzu et Elias Glenn
PEKIN (Reuters) - L'industrie chinoise, en croissance depuis six mois d'affilée, tire parti d'un crédit bancaire qui n'a jamais été aussi ample et du dynamisme du secteur du bâtiment.
C'est un bon point a priori pour le gouvernement qui tente d'alléger une dette énorme mais les analystes se demandent si le rythme de croissance actuel pourra être tenu au vu des risques qui s'accumulent localement comme à l'extérieur.
Le président américain Donald Trump et Peter Navarro, son principal conseiller au commerce international, ont tiré à boulets rouges sur la Chine, l'Allemagne et le Japon mardi, estimant que les trois principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis s'employaient à dévaluer leur monnaie pour le plus grand mal des entreprises et des consommateurs américains.
Sur le plan intérieur, un ralentissement du marché immobilier pourrait freiner l'activité industrielle cette année, en réduisant la demande de matériaux tels que le verre et l'acier par exemple.
L'indice officiel des directeurs d'achats (PMI) publié mercredi était de 51,3 en janvier contre 51,4 en décembre, un peu au-dessus du consensus des économistes.
Il reste bien au-dessus de la barre des 50 qui délimite croissance et contraction, témoignant de la solide reprise de l'industrie chinoise depuis le second semestre 2016, qui a nourri un redémarrage industriel dans le monde en général.
"La reprise récente de la Chine semble pour l'essentiel intacte pour le moment", commente Julian Evans-Pritchard, économiste de Capital Economics.
Pour autant, "la véritable question est de savoir si le dynamisme actuel pourra durer. On peut en douter quand on voit combien la reprise s'appuie sur une politique budgétaire et monétaire dont le soutien est à présent retiré".
Un examen détaillé de l'indice PMI révèle une solide croissance de la production et des nouvelles commandes en janvier, mais à un rythme un peu moins soutenu qu'en décembre.
Confrontée à des marchés à l'exportation moins demandeurs, la Chine alimente sa croissance par une politique de grands travaux qui, conjuguée à un marché immobilier en surchauffe, a dopé la demande de matériaux de construction.
La hausse des prix des matières et de la demande a permis une accélération à la fois des profits des entreprises industrielles et de l'inflation.
Mais les économistes d'ANZ observent que la croissance des services dans le bâtiment semble fléchir, encore qu'à 61,1 l'indice la mesurant reste au-dessus de la moyenne de l'an passé, autour de 60.
L'indice PMI est ajusté des variations saisonnières mais économistes et investisseurs prennent les statistiques chinoises du début d'année avec circonspection compte tenu de l'impact du Nouvel An lunaire, qui se traduit par la fermeture de nombre d'usines et de bureaux.
Cela étant, si l'économie se montre résistante, le gouvernement s'emploiera à endiguer le risque financier cette année, au prix d'une croissance en léger retrait, de l'ordre de 6,5% contre 6,7% en 2016.
Par ailleurs, la Banque populaire de Chine (BPC) évolue progressivement vers un resserrement monétaire, qui entraînerait un renchérissement des coûts de financement en cours d'année.
Un autre indice PMI officiel publié mercredi, celui des services, a montré une légère accélération de la croissance en janvier, par rapport au mois précédent.
Cet indice est ressorti à 54,6 en janvier contre 54,5 en décembre.
Le secteur tertiaire représentait plus de la moitié du PIB chinois en 2016 et l'essentiel de sa croissance et Pékin compte sur lui pour compenser une faiblesse persistante de l'exportation.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)