par Ardee Napolitano
CALAIS, Pas-de-Calais (Reuters) - Des formalités administratives lourdes, des nouvelles "frontières intelligentes" qui ne communiquent pas entre elles et des négociants mal préparés menacent de rendre chaotique le rétablissement de la frontière entre la France et la Grande-Bretagne, redoutent des chauffeurs routiers français.
Après avoir conclu un accord sur ses futures relations commerciales avec l'Union européenne la semaine dernière, la Grande-Bretagne s'apprête à achever sa transition et à sortir du marché unique européen ce jeudi à 23h00 GMT.
L'accord va permettre de préserver l'accès sans quotas ni droits de douane du Royaume-Uni au marché unique européen, mais il n'évitera pas le rétablissement de formalités administratives.
Des perturbations seront inévitables, selon Sébastien Rivéra, secrétaire général de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) du Pas-de-Calais.
"Si on écoute les autorités françaises et britanniques, on nous parle de frontière intelligente et tout le monde est prêt. Mais ça ne nous empêche pas d'avoir des doutes", a-t-il déclaré à Reuters.
"Ça va être un véritable casse-tête parce que certaines entreprises seront prêtes mais elles ne le seront pas toutes. Ça va vraiment changer nos habitudes", a-t-il ajouté.
DES FRONTIÈRES INTELLIGENTES?
La Grande-Bretagne va progressivement rétablir les formalités aux frontières durant les six prochains mois, alors que les Etats européens vont les rétablir immédiatement.
La France a engagé 700 agents des douanes supplémentaires pour gérer les règles du commerce post-Brexit, près de la moitié d'entre eux seront en poste au port de Calais et au terminal de l'Eurotunnel (PA:GETP).
"La douane est aussi prête qu'elle puisse être", a déclaré le chef régional des douanes, Gilbert Beltran. "Est-ce que les exportateurs et les importateurs sont prêts? L'enjeu il est clairement là. C'est là que réside vraiment l'inconnue de cette frontière intelligente", a-t-il ajouté.
Grâce au systèmes des frontières intelligentes, les chauffeurs venant en France ayant rempli au préalable leurs formalités de douane n'auront qu'à scanner un code-barre à Douvres avant de traverser la Manche. Dans le même temps, des caméras filmeront la plaque minéralogique de leur camion.
Durant leur traversée de la Manche, une "analyse du risque" de leur cargaison sera menée par les douanes. Et les chauffeurs recevront un message leur signifiant s'ils peuvent continuer leur voyage en passant dans une "file verte" à leur arrivée en France, ou s'ils doivent se diriger vers une "file orange" pour se soumettre à des contrôles supplémentaires.
Le port de Calais et le terminal de l'Eurotunnel ont prévu des espaces de parking permettant aux contrôles supplémentaires de durer près de deux heures sans perturbation du trafic, rassure Gilbert Beltran.
"Au-delà de deux heures, on commencera à avoir des problèmes. Mais on ne devrait pas en arriver là", a-t-il ajouté.
(avec Manuel Ausloos et Richard Lough; version française Camille Raynaud, édité par Henri-Pierre André)