Malgré la crise qui affecte durement les économies de nombreux pays européens, Bruxelles souhaite que la politique d'élargissement se poursuive, tout en reconnaissant que la plupart des pays candidats doivent encore faire des progrès avant de rejoindre l'UE.
"Renforcer l'Etat de droit et la gouvernance démocratique est crucial pour le processus d'élargissement", a estimé mercredi la Commission européenne dans son rapport de suivi annuel sur le processus d'élargissement aux Balkans occidentaux, à la Turquie et à l'Islande.
"Le rythme auquel chaque pays évolue vers l'adhésion dépend de ses performances" dans le domaine du droit, et notamment des progrès enregistrés dans la lutte contre la criminalité organisée et la corruption, souligne le rapport présenté par le commissaire chargé de l'Elargissement, Stefan Füle.
Bruxelles insiste également sur le respect de la liberté d'expression, une question "prioritaire" dans le processus d'adhésion.
Huit pays sont candidats ou candidats potentiels à l'UE, dont six dans les Balkans : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine, Monténégro et Serbie, ainsi que l'Islande et la Turquie.
Concernant l'examen des pays au cas par cas, la Commission donne un satisfecit remarqué à l'Albanie, qui a fait "des progrès significatifs" pour s'aligner sur les critères européens. La Commission souhaite que ce pays accède au statut de candidat s'il confirme ses engagements. A cet égard, les élections législatives prévues pour 2013 constitueront "un test crucial", a prévenu la Commission.
Le Monténégro, qui a entamé ses négociations d'adhésion en juin, doit "mieux faire" dans les domaines de l'Etat de droit et de la lutte contre le crime organisé et la corruption. Mais, poursuit le rapport, Podgorica a continuellement progressé dans la mise en oeuvre de réformes clés, en particulier sur le plan économique.
Le rapport recommande également, pour la quatrième fois consécutive, d'autoriser l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Macédoine.
La Commission déplore par ailleurs que les relations de nombreux pays de l'ex-Yougoslavie soient encore empoisonnées par des différends bilatéraux.
La poursuite du processus d'adhésion est le meilleur moyen pour les pays concernés de régler ces problèmes, estime Bruxelles : ils doivent être "résolus d'urgence" afin de "supprimer un obstacle majeur à l'avancée des Balkans occidentaux vers l'UE".
Ainsi, la Serbie a obtenu le statut de candidat officiel en mars, mais pas encore de date pour l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE. Le rapport note que la Commission recommandera d'entamer ces pourparlers "dès qu'elle aura constaté que la Serbie a atteint le niveau requis de conformité avec les critères d'adhésion", et plus particulièrement si elle parvient à améliorer ses relations avec le Kosovo.
Concernant cette ex-province serbe, la Commission recommande qu'elle puisse conclure un accord d'association avec l'UE, premier pas vers une intégration européenne.
La Bosnie-Herzégovine reste à la traîne, le pays n'ayant fait que "peu de progrès" pour satisfaire aux critères européens, juge la Commission.
Hors des Balkans, les négociations d'adhésion avec l'Islande "progressent bien", juge Bruxelles.
En revanche, les progrès de la Turquie sont insuffisants. "Le nombre élevé d'affaires juridiques et d'enquêtes concernant des journalistes ainsi que la pression indue à l'encontre des médias" continuent d'être une source de "préoccupation grave", affirme le rapport qui déplore en outre le litige non réglé entre la Turquie et Chypre.
La Commission compte dépenser 14,1 milliards d'euros de 2014 à 2020 pour aider les pays sur la voie de l'adhésion.