La Commission européenne a ordonné vendredi à Chypre de récupérer des aides d'Etat accordées à la compagnie aérienne nationale Cyprus Airways, d'un montant total de plus de 100 millions d'euros, menaçant la survie de la compagnie.
Le ministre chypriote des Communications, Marios Demetriades, avait averti jeudi que si la Commission exigeait le remboursement de ces aides, "le cas échéant, la compagnie n'aurait pas d'autre choix que de suspendre ses opérations".
"Cyprus Airways a bénéficié de fonds publics importants depuis 2007, mais n'est pas parvenue à se restructurer et à devenir viable sans l'appui continu de l'Etat", a expliqué dans un communiqué la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.
"Dès lors, injecter davantage d'argent public n'aurait fait que prolonger la lutte (pour la survie de la compagnie) sans rien changer à la situation", a-t-elle ajouté, expliquant que les entreprises "ne peuvent ni ne devraient compter sur l'argent du contribuable pour rester artificiellement sur le marché".
Les aides concernées consistent en un apport de capitaux et des prêts de sauvetage, versés en 2012 et 2013, et dont le montant total s'élève à 102,9 millions d'euros.
En 2007, la Commission avait autorisé une aide publique à la compagnie d'un montant de 95 millions d'euros. Or les règles européennes en matière de concurrence stipulent qu'une entreprise ne peut bénéficier d'une aide à la restructuration qu'une seule fois sur une période de 10 ans.
Par ailleurs, dans son enquête, la Commission a "constaté que le plan de restructuration de Cyprus Airways reposait sur des hypothèses irréalistes", alors même que les aides d'Etat dont la compagnie a bénéficié de manière répétée "lui ont déjà conféré un avantage économique considérables par rapport à ses concurrents".
Le gouvernement chypriote, qui détient 93% de Cyprus Airways, avait lancé un appel d'offres pour le rachat du transporteur, mais les propositions des compagnies irlandaise Ryanair et grecque Aegean Airlines ont été rejetées car jugées "peu sérieuses".
M. Demetriades n'a pas précisé jeudi à quelle échéance Cyprus Airways pourrait cesser d'opérer, mais a assuré que des plans étaient prévus pour garantir les communications de l'île méditerranéenne.
Confrontée à une forte concurrence sur les trajets vers Londres et la Grèce, la compagnie, en difficulté depuis 2009, a déjà supprimé des postes, vendu une série d'actifs, dont trois créneaux horaires à l'aéroport londonien de Heathrow, et plusieurs avions, mais cela n'a pas permis d'enrayer ses pertes.
Selon les derniers chiffres disponibles, en 2012, Cyprus Airways avait subi une perte nette de 55,8 millions d'euros, soit plus du double de l'année précédente.