La banque d'affaires américaine Morgan Stanley (NYSE:MS) a vu ses bénéfices flamber de plus de 59% au premier trimestre, grâce à la bonne santé du courtage qui lui a permis d'enregistrer sa meilleure performance trimestrielle depuis la crise.
Le bénéfice net de l'établissement new-yorkais s'est envolé de 59,3% sur un an à 2,4 milliards de dollars, a-t-elle annoncé lundi, ce qui lui permet de talonner de près désormais son éternelle rivale Goldman Sachs (2,84 milliards de dollars).
Le chiffre d'affaires trimestriel de 9,90 milliards de dollars (en hausse de 10,12% sur un an) a en outre dépassé les attentes des marchés (9,17 milliards).
A Wall Street, le titre Morgan Stanley gagnait 1,02% à 37,13 dollars vers 14H00 GMT.
"C'est notre meilleur trimestre depuis des années, avec une amélioration des résultats dans tous les segments d'activités de la firme", s'est réjoui le PDG James Gorman, qui a pris les rênes de la banque en septembre 2009 alors que celle-ci faisait face à un exode des clients.
Pour le rendre moins vulnérable à une nouvelle crise, M. Gorman a choisi de recentrer l'établissement vers les conseils aux gens fortunés et de limiter sa dépendance vis-à-vis des activités spéculatives non sans scepticisme des observateurs.
Six ans plus tard, ce pari semble porter ses fruits puisque Morgan Stanley a réalisé son meilleur trimestre aussi bien en termes de revenus que de bénéfices depuis 2007.
L'activité de gestion d'actifs a enregistré une hausse de 6,23% de ses revenus à 3,83 milliards de dollars.
- Forte volatilité -
Mais la banque, comme Goldman Sachs et JPMorgan Chase, s'est distinguée surtout dans les activités de marché au cours du premier trimestre.
La division de titres institutionnels, qui comprend notamment le courtage, a rapporté davantage d'argent.
Dans le détail, les revenus issus du courtage des actions (émissions et titres de participation) ont flambé de 35,3% sur un an à 2,3 milliards de dollars.
Les recettes générées dans les très lucratives activités de courtage des obligations, matières premières, et devises (FICC) ont bondi de 11,8% sur un an à 1,9 milliard de dollars.
Morgan Stanley confirme ainsi que cette activité, source de gros profits lors des dernières années, a rebondi de la plus belle des manières, en raison de la forte volatilité observée sur les places financières, notamment sur le marché des changes.
La volatilité des échanges, mesurée par l'indice VIX, dit "indice de la peur", a évolué en moyenne au-dessus de 15 sur les trois premiers mois de l'année, avec un pic à 22,39 le 15 janvier. L'an dernier, le VIX était descendu à un plus bas depuis 2007 à 10, avant de remonter en fin d'année.
L'activité de banque d'investissement qui comprend le conseil financier aux entreprises a enregistré une hausse de 3,3% sur un an de son chiffre d'affaires à 1,17 milliard de dollars, grâce aux fusions-acquisitions.
Cette dynamique a amélioré nettement le rendement des fonds propres (ROE, +return on equity+), indicateur important de la rentabilité dans le secteur bancaire, qui s'établit à 14,1%, un niveau plus vu depuis 2007.
Seules fausses notes, les dépenses opérationnelles qui ont augmenté, alors que la banque avait fait de leur réduction un objectif important dans sa détermination à renforcer ses fonds propres.
Les dépenses liées aux rémunérations des banquiers et traders ont augmenté de 4,7% en un an à 4,5 milliards de dollars et ont représenté 45,4% du chiffre d'affaires.
Hors salaires, les frais ont progressé de 8,7% sur un an à 2,5 milliards de dollars, en raison d'une hausse des frais juridiques.
La banque est actuellement en discussion avec le ministre de la Justice de l'Etat de New York, qui l'accuse d'avoir délibérément trompé des investisseurs sur la qualité de prêts hypothécaires adossés à des produits financiers complexes.
"La plupart de nos contentieux liés à la crise sont derrière nous", a toutefois affirmé lundi, lors de la présentation de ces résultats, la directrice financière Ruth Porat, qui va rejoindre Google (NASDAQ:GOOGL) à compter du 26 mai. Elle sera remplacée par Jonathan Pruzan, un banquier ayant fait quasiment toute sa carrière -- 26 ans -- au sein de la banque.