par Johanna Decorse
TOULOUSE (Reuters) - Les stars du handball français Nikola et Luka Karabatic, ainsi que quatorze autres personnes, comparaissent à partir de lundi pour "escroquerie" devant le tribunal correctionnel de Montpellier (Hérault) dans une affaire de paris présumés truqués.
La justice soupçonne les deux anciens joueurs du Montpellier Agglomération Handball (MAHB) d'avoir parié ou fait parier sur la défaite de leur propre équipe à la mi-temps lors d'un match contre Cesson-Rennes métropole le 12 mai 2012 et d'avoir orienté le résultat en défaveur du club héraultais "par modification ou altération du jeu".
Dans cet affaire, six autres joueurs, Mladen Bojinovic, Samuel Honrubia, Dragan Gajic, Primoz Prost, Issam Tej et Mickaël Robin, l'ancien kinésithérapeute du club montpelliérain, Yann Montiège et la compagne de Nikola Karabatic, Géraldine Pillet, comparaîtront aussi pour escroquerie jusqu'au 26 juin.
Des proches des joueurs sont poursuivis du même chef ou de complicité, comme Jennifer Priez, la compagne de Luka Karabatic.
L'enquête sur ces paris présumés truqués avait débuté le 18 mai 2012 après que La Française des Jeux, partie civile dans ce procès, eut alerté les autorités judiciaires sur les montants des paris, anormalement élevés par rapport à l'enjeu de la rencontre.
Au total, les paris incriminés s'élevaient à près de 100.000 euros à la cote de 2,9 contre 1, et avaient rapporté un gain d'environ 300.000 euros.
Me Patrick Maisonneuve, conseil de Samuel Honrubia, se dit prêt à "faire la démonstration qu'il n'y a eu ni tricherie, ni escroquerie".
"PAS SUR LE TERRAIN"
Me Michael Corbier, l'un des avocats des frères Karabatic et de leur compagne, se prépare lui-aussi à plaider la relaxe.
"Les paris sportifs ne constituent pas une infraction pénale et ne peuvent entraîner que des sanctions disciplinaires, ce qui a été le cas pour Luka Karabatic qui a reconnu avoir parié et regrette cette erreur", a-t-il dit à Reuters.
Concernant Nikola Karabatic, l'avocat rappelle qu'il "n'a ni parié ni fait parier" et qu'il a été relaxé par la commission disciplinaire de la Fédération française de handball.
"On reproche à nos clients une escroquerie au préjudice de La Française des Jeux, une manœuvre frauduleuse qui aurait consisté à truquer ce match. Or mes deux clients, qui étaient blessés, n'étaient pas sur le terrain ce jour-là. Comment peut-on truquer un match que l'on n'a pas joué soi-même?", s'interroge-t-il.
Le club du MAHB a annoncé jeudi qu'il demanderait un million d'euros de dommages et intérêts lors du procès.
"Nous abordons l'audience très sereinement. Nous serons là pour défendre notre place de victime, obtenir la vérité et obtenir réparation. Le préjudice économique qu'a subi le club est considérable. Il dépasse le million d'euros", dit l'avocate du club, Me Michèle Tisseyre.
(Edité par Sophie Louet)