par Michel Rose
PARIS (Reuters) - EDF devra lancer comme prévu en 2015 la procédure de fermeture d'une centrale nucléaire en France malgré le report de la mise en service de l'EPR de Flamanville (Manche), a déclaré mercredi à Reuters Jean-Michel Malerba, délégué interministériel à la fermeture de Fessenheim (Haut-Rhin).
EDF a annoncé mardi un nouveau retard dans la construction du réacteur nucléaire de nouvelle génération (EPR) de Flamanville, dont le démarrage est reporté d'un an à 2017.
Certains observateurs craignent que ce retard signifie l'abandon de la promesse du chef de l'Etat, François Hollande, de fermer la centrale de Fessenheim d'ici fin 2016.
"Dans la mesure où (...) l'arrêt de Fessenheim n'est plus tributaire que de l'entrée en service de l'EPR Flamanville, ne faut-il pas craindre un énième report de la fermeture de la doyenne des centrales, voire son abandon?" s'interroge notamment le Réseau "Sortir du Nucléaire" dans un communiqué.
La loi de transition énergétique, votée par les députés en octobre, instaure un plafonnement de la capacité de production nucléaire française à son niveau actuel de 63,2 gigawatts. De ce fait, tout lancement d'un EPR doit se traduire par la fermeture d'une ancienne centrale.
Toutefois, Jean-Michel Malerba observe que le projet de loi intègre implicitement le cas de figure d'un report du démarrage de l'EPR.
EDF est contraint de déposer une demande d'autorisation d'exploitation de l'EPR de Flamanville d'ici octobre 2015. En effet, le projet de loi stipule dans son article 55 qu'il doit le faire au plus tard dix-huit mois avant avril 2017, cette date correspondant à l'expiration du décret d'autorisation de création (DAC) de cette centrale, pris il y a dix ans.
"EDF devra faire cette demande en 2015 et à cette occasion là faire la demande de retrait de production de réacteurs en compensation, donc cela ne change pas même si la mise en service est reportée", ajoute Jean-Michel Malerba.
Cependant, bien qu'EDF devra engager la fermeture de certaines unités de production nucléaire dès 2015, rien n'obligera l'électricien public à fermer celle de Fessenheim.
La ministre de l'Energie, Ségolène Royal, avait elle-même déclaré le mois dernier qu'il n'était pas certain que les pouvoirs publics choisissent de fermer Fessenheim plutôt qu'une autre centrale nucléaire, en raison notamment des importants travaux qui ont déjà été réalisés sur ce site.
"J'ai travaillé sur Fessenheim puisque c'est ma mission. Je n'ai pas engagé d'autres études sur d'autres sites à mon niveau," a pour sa part indiqué Jean-Michel Malerba.
"Nous sommes dans une situation de transition puisque la loi n'est pas définitivement votée, le nouveau président d'EDF n'a pas encore pris ses fonctions, donc je ne peux pas préjuger de ce qu'il va se passer," a-t-il ajouté.
Le projet de loi est actuellement en discussion au Sénat et ne devrait pas être définitivement adopté avant début 2015.
(Michel Rose, Benjamin Mallet pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)