par Noel Randewich
NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini en forte baisse lundi et s'achemine vers sa plus mauvaise performance trimestrielle depuis quatre ans, les investisseurs restant préoccupés par la santé de l'économie chinoise et son impact potentiel sur le calendrier de la hausse des taux aux Etats-Unis.
L'indice Dow Jones a perdu 312,78 points, soit 1,92%, à 16.001,89. Le Standard & Poor's-500 a cédé 49,57 points (-2,57%) à 1.881,77 et le Nasdaq Composite a reculé de 142,53 points (-3,04%) à 4.543,97.
A deux jours de la fin du trimestre, le S&P-500 affiche un recul de 8,8% par rapport à son niveau de fin juin.
Parmi les secteurs les plus touchés lundi figurent la pharmacie et les biotechnologies. Le laboratoire Allergan a ainsi chuté de 8,66% et Gilead Sciences de 5,33%, des élus démocrates du Congrès ayant emboîté le pas à la candidate à la candidature présidentielle Hillary Clinton pour dénoncer les hausses "massives" des prix de certains médicaments.
L'indice des "biotechs" du Nasdaq a chuté de 6% et au sein du S&P-500, le secteur de la santé affiche un repli de 3,84%, le plus marqué des dix grands compartiments de l'indice.
Le secteur des matières premières a lui aussi pesé sur la tendance, les cours des ressources naturelles s'étant orientées à la baisse après l'annonce d'une dégradation des bénéfices des entreprises industrielles chinoises.
L'indice S&P du secteur a abandonné 3,24%.
"LA FED SEMBLE UN PEU PERDUE"
"L'ensemble du secteur de la santé et la Chine pèsent sur le marché. Il est temps de réduire l'exposition au risque et il n'y a aucun endroit où se réfugier", a commenté Richard Weeks, directeur d'HighTower Advisors.
Les réflexions des investisseurs sur la politique monétaire ont par ailleurs été alimentées par l'annonce d'une hausse plus forte qu'attendu de la consommation des ménages américains en août, qui plaide en faveur d'un relèvement des taux d'ici la fin de l'année.
Le président de la Fed de New York, William Dudley, a en outre alimenté les spéculations sur un resserrement de la politique de la Fed en laissant entendre que la banque centrale pourrait passer à l'action dès sa prochaine réunion, fin octobre.
Plusieurs autres responsables de la Réserve fédérale doivent s'exprimer au cours des prochains jours, et parmi eux sa présidente, Janet Yellen, mercredi. Et vendredi, les investisseurs prendront connaissance des chiffres de l'emploi en septembre.
"Beaucoup d'investisseurs pensent que la Fed est un peu perdue", explique Mohammed Aama, directeur de Beam Capital Management. "Elle s'est placée dans une position difficile en disant se préparer à relever ses taux d'ici la fin de l'année alors que chaque jour, l'économie plaide pour l'inverse."
NOUVEAU BOND DE LA VOLATILITÉ
L'indice de volatilité du CBOE, surnommé "l'indice de la peur" à Wall Street, a bondi de près de 16% à 27,39, bien au-dessus de sa moyenne de long terme de 20.
Aux valeurs, Alcoa (NYSE:AA) a gagné 5,73% après l'annonce d'un projet de scission, qui séparera ses divisions de production et de raffinage d'aluminium de ses activités industrielles.
A la baisse, Energy Transfer Equity a abandonné 12,69% après l'annonce du rachat de Williams Cos pour 37,7 milliards de dollars, dette incluse. Williams Cos a reculé de 12,11%.
Apple (NASDAQ:AAPL) a perdu 1,98%, la principale contribution à la baisse du S&P-500, malgré l'annonce de ventes records (13 millions d'exemplaires) de ses nouveaux téléphones iPhone 6S et iPhone 6S Plus.
Liberty Global a chuté de 10,15% après l'annonce de la fin des discussions avec le géant britannique de la téléphonie mobile Vodafone (LONDON:VOD).
Environ 8,3 milliards d'actions ont changé de mains sur les différents marchés américains lundi, contre 7,2 milliards en moyenne sur les 20 séances précédentes selon les données Thomson Reuters.
Sur le marché des changes, le regain marqué d'aversion au risque a profité avant tout au yen japonais. Le dollar a lui abandonné 0,3% environ face à un panier d'autres devises de référence.
La recherche d'actifs sûrs a logiquement profité aussi aux bons du Trésor, le rendement à dix ans américain revenant à 2,096% en fin de journée contre 2,164% vendredi soir.
(avec Abiram Nandakunar; Marc Angrand pour le service français)