Janet Yellen, la présidente de la banque centrale américaine, a prédit mercredi des changements quant à l'évolution des taux d'intérêts en fonction de ce qui se passerait dans l'économie.
Dans un discours à San Francisco, la patronne de la Fed n'a pas fait directement référence aux plans du président élu Donald Trump de prendre de vastes mesures de relance budgétaire qui pourraient doper la croissance et inciter à remonter les taux d'intérêt plus vite.
Elle a seulement émis "un avertissement de taille", à savoir que "les attentes sur les taux d'intérêt changeront dans la mesure où nos perspectives sur l'économie changeront".
En attendant, Mme Yellen a répété que la banque centrale prévoyait "quelques hausses des taux par an", d'ici 2019. En décembre, le Comité monétaire avait indiqué qu'il projetait trois modestes relèvements des taux d'intérêt au jour le jour en 2017.
Alors que Donald Trump ambitionne de parvenir à faire croître l'économie américaine de 3% à 4% au lieu de 2% en moyenne depuis la récession, Mme Yellen a longuement expliqué que "la tendance à long terme" d'un affaiblissement de la productivité semblait brider la croissance. "La lente progression de la productivité aide à expliquer pourquoi nous ne pensons pas que des hausses de taux prononcées soient requises", a-t-elle affirmé.
La productivité n'a progressé que d'un demi-point de pourcentage par an depuis six ans au lieu de 2% par an, pendant les 30 années précédentes, a rappelé Mme Yellen.
A deux jours de l'investiture du nouveau président républicain qui avait de façon virulente critiqué la Fed pendant la campagne électorale, Mme Yellen a également insisté sur le fait que la banque centrale était "non-partisane" et qu'elle "se concentre seulement sur l'intérêt public". "Nous faisons tout notre possible pour conduire nos délibérations de façon impartiale et pour baser nos décisions sur des faits et des analyses objectives", a-t-elle affirmé.
Interrogée sur la façon dont l'administration interagit avec la banque centrale, Mme Yellen a expliqué que jusqu'ici elle avait eu des petits-déjeuners hebdomadaires avec l'actuel secrétaire au Trésor Jack Lew et qu'ils siégeaient ensemble régulièrement aux sommets du G20 et du G7.
"Nous partageons un intérêt commun envers le succès de l'économie américaine", a-t-elle déclaré pour qualifier la relation entre l'Etat fédéral et la Fed. "Je n'ai jamais eu une situation où un membre de l'administration aurait tenté de faire pression sur moi à propos du cours de la politique monétaire", a-t-elle ajouté.
La patronne de la Fed a par ailleurs assuré que les risques quant à la stabilité financière étaient pour l'instant "modérés". Evoquant les risques internationaux, Mme Yellen a relevé que ceux-ci étaient un peu moins "préoccupants" aujourd'hui mais elle a néanmoins cité "la faiblesse de la croissance mondiale", "le ralentissement de la croissance chinoise" et "la volatilité des marchés des matières premières".
Enfin, interrogée sur la force du dollar, elle a reconnu que celle-ci reproduit "la divergence des taux d'intérêts entre les pays, reflétant la vigueur sous-jacente des économies". Alors que M. Trump a menacé certains pays de représailles dounanières, elle a insisté sur le fait que si "la politique commerciale peut avoir un impact direct sur le déficit commercial", le dollar "est aussi un facteur important".
Un dollar fort "a tendance à diminuer les exportations et rendre les importations moins chères". Mme Yellen a relevé que le commerce international "avait été un poids ces deux dernières années" pour l'économie américaine et qu'il fallait s'attendre à ce que ce frein continue de peser.