La Réserve fédérale américaine (Fed) doit maintenir le cap de la réduction de son soutien à la reprise mais pourrait clarifier mercredi les intentions de sa politique monétaire sous la houlette de sa nouvelle présidente, Janet Yellen.
Une réunion de deux jours du Comité de politique monétaire (FOMC) a repris mercredi à 12H30 GMT.
A 18H00 GMT, le Comité rendra sa décision publique sur les taux et les achats d'actifs dans un communiqué.
Il publiera également la révision trimestrielle de ses prévisions économiques.
Janet Yellen, qui a pris début février la succession de Ben Bernanke, tiendra ensuite sa première conférence de presse en tant que présidente de la Fed.
Les analystes s'attendent à ce que la Banque centrale continue de réduire de 10 milliards de dollars, à 55 milliards, ses achats mensuels d'obligations destinés à soutenir la reprise et à infléchir les taux d'intérêt. A ce rythme, la Fed sortira de sa campagne d'assouplissement monétaire exceptionnel à l'automne.
Les taux directeurs quant à eux doivent rester proches de zéro, comme ils le sont depuis cinq ans.
Avec une inflation basse (1,2% sur un an) et une reprise économique entamée par le mauvais temps sur les trois derniers mois, "la politique de conserver des taux bas pour une période prolongée demeure logique", notait Joel Naroff, économiste indépendant.
Le dernier Livre Beige de la Fed a semblé confirmer que l'activité décevante des derniers mois n'était que temporaire, ce rapport désignant pas moins de 119 fois le mauvais temps comme responsable du ralentissement.
Selon une enquête de Barclays Research, une majorité d'investisseurs ne s'attendent pas à un relèvement des taux avant la mi-2015.
Dirigeant pour la première fois une réunion du FOMC, Mme Yellen pourrait soutenir une réforme du message d'orientation monétaire, estiment la plupart des analystes.
Ils s'attendent à ce que la Banque centrale abandonne sa référence chiffrée à un taux de chômage à 6,5% comme signal d'un éventuel relèvement des taux.
- large éventail d'indicateurs -
Mme Yellen peut aussi attendre que les nouveaux gouverneurs - notamment son futur numéro deux, l'économiste respecté Stanley Fischer en attente d'être confirmé par le Sénat -, rejoignent le directoire avant de prendre une telle décision. Au cours de sa conférence de presse à 18H30 GMT, elle pourrait être interrogée sur les risques financiers posés par la crise en Ukraine.
"Les conséquences sont minces pour l'instant mais les tensions géopolitiques sont fortes", commentait Jim O'Sullivan, de High Frequency Economics, ajoutant qu'un impact sur l'économie américaine n'était pas exclu via "une contagion financière et un effet sur la confiance".
Depuis plus d'un an, le FOMC a explicitement promis une stabilité du taux directeur au niveau historiquement bas tant que le chômage serait supérieur à 6,5%. Mais avec un taux de chômage à 6,7% en février et alors que, selon les mots de Mme Yellen, la reprise du marché de l'emploi "est loin d'être complète", ce seuil semble désormais caduc.
"Les responsables monétaires vont lâcher ces références chiffrées du chômage et de l'inflation", assurait Joseph LaVorgna, économiste pour Deutsche Bank qui prévoit que la Fed "scrutera désormais un large éventail d'indicateurs" reflétant mieux l'état du marché du travail.
Ce message devenant "plus qualitatif que quantitatif", selon l'analyste de DB, risque toutefois d'être aussi "plus vague et plus compliqué", promettait Paul Ashworth de Capital Economics.
Les chiffres des créations d'emploi, du taux d'embauche et du taux d'abandon de recherche d'emploi compilés par le ministère du Travail pourraient devenir, avec l'indicateur classique du taux de chômage, de nouveaux baromètres officiels pour juger de l'état réel de l'emploi dans le pays. L'objectif du plein emploi est un des mandats de la Fed.
Les prévisions économiques de l'institution devraient montrer peu de changement par rapport à celles publiées en janvier, estime Jens Nordvig, économiste pour Nomura Global FX Research. Après l'hiver rigoureux qu'a connu le pays, il prévoit une révision "marginale" en baisse de la croissance pour 2014 (qui était attendue en janvier entre 2,8% et 3,2%).